Ce matin, une fusillade a éclaté près du centre d’Antananarivo. Cet affrontement entre les mutins du corps d’élite de la gendarmerie et les forces de sécurité loyales au régime en place a fait un mort et cinq blessés par balle, selon une source militaire.
La fusillade a éclaté vers 10h45 (07H45 GMT) lorsque des membres des forces de sécurité (armée et gendarmerie) sont venus démanteler des barrages installés par des éléments de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN). Ces derniers avaient entamé mercredi soir un mouvement de protestation, notamment contre leur hiérarchie.
Les échanges de coups de feu, intenses pendant une heure, étaient devenus sporadiques à partir de 12H00 (09H00 GMT), a constaté un journaliste de l’AFP.
"Il y a un mort et cinq blessés, tous par balle", a déclaré à l’AFP le commandant des opérations contre les mutins, le colonel Richard Ravalomanana de l’état-major mixte opérationnel régional. Selon le colonel Ravalomanana, la victime est un gendarme qui faisaient partie des forces de sécurité venues jeudi matin démanteler des barrages érigés par des éléments de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN) sur une colline proche du centre-ville.
Sur les cinq blessés, trois sont civils et deux appartiennent aux forces de sécurité sous son commandement, a-t-il précisé. Un précédent bilan de source hospitalière faisait état de six blessés par balle.
Les forces de sécurité se sont déployées en nombre ce matin pour démanteler ces barrages. Une dizaine de camions et cinq pick-up militaires étaient visibles non loin de la fusillade.
"On est en train de sécuriser la zone car il se disait qu’ils (les FIGN) allaient descendre dans la rue", a expliqué dans la matinée à l’AFP le commandant des opérations, le colonel Richard Ravalomanana de l’état-major mixte opérationnel régional.
"On n’a jamais voulu attaquer. Ils ont commencé à nous tirer dessus. On a riposté seulement trente minutes après quand on a décidé de progresser vers le camp", a-t-il affirmé, estimant le nombre des "mutins" à "une vingtaine, 30 au maximum". "On progresse petit à petit. Il faut penser aux dégâts collatéraux", avait-il assuré.
La revendication principale des mutins porte sur une affaire d’argent au sein de la gendarmerie.
Le président évincé de Madagascar, Marc Ravalomanana a reconnu publiquement avoir versé 500 millions d’ariary (près de 190.000 euros) début 2009 à la hiérarchie de la gendarmerie. M. Ravalomanana était alors confronté au mouvement populaire emmené par son rival Andry Rajoelina qui devait conduire à sa destitution.
Les mutins reprochent à leur ancien numéro 2, le général Bruno Razafindrakoto, devenu entre-temps commandant de la gendarmerie nationale peu après la prise du pouvoir de M. Rajoelina, de ne pas avoir redistribué cet argent.
Par ailleurs, les mutins entendaient assurer la protection jeudi à proximité de leur caserne d’un rassemblement du "Mouvement des ecclésiastiques", emmené par des pasteurs protestants favorables à l’ex-président Ravalomanana.
Madagascar est plongée dans une crise politique depuis fin 2008, qui a conduit à l’éviction en mars 2009 de M. Ravalomanana et à son remplacement par M. Rajoelina, alors soutenu par l’armée. Début mai, M. Rajoelina a toutefois échoué à obtenir un soutien clair des forces de sécurité en vue de la mise en place d’un gouvernement "neutre" accordant plusieurs postes à des militaires.
Source : AFP