L’ancienne première dame malgache a décidé de réagir sur les derniers évènements politiques ayant marqué la Grande île. Dans un entretien, elle défend sa candidature à la présidentielle.
Dans une interview exclusive accordée à l’Express de Madagascar, Lalao Ravalomanana, épouse de l’ancien président malgache livre sa propre lecture sur la situation politique actuelle de son pays.
Au cœur d’un bras de fer très tendu avec la communauté internationale qui la contraint à retirer sa candidature à la présidentielle en brandissant des sanctions ciblées de plus en plus pressantes, l’ancienne première dame se défend.
« Sur ce sujet, je précise que je n’ai jamais signé aucun accord. C’était une affaire entre les chefs d’État. Un accord entre eux deux (l’ancien Président et le président de la Transition). Je suis rentrée pour ma mère (soufffrante, ndlr). La condition était que je ne parle pas politique. Et je n’en ai pas parlé. Même quand Magro (le fief de la mouvance, ndlr) m’a sollicitée, je n’y suis pas allée », a-t-elle souligné.
Selon elle, la donne aurait changé lorsqu’ « une autre échéance » est arrivée, « le moment de déposer la candidature à l’élection présidentielle ». « Que je sache, tout le monde peut se présenter. N’importe qui, en tant que citoyen, a le droit et le devoir d’être candidat », a martelé celle qui s’investit pour la première fois dans la politique.
Questionnée à ce propos, Lalao Ravalomanana a soutenu : « je pense que c’est la meilleure voie pour sauver le pays ». Elle admet s’être rendue au pays, d’abord pour soutenir sa mère souffrante mais sa vision des choses aurait changé dès qu’elle a frôlé le sol malgache. « En arrivant à Ivato, j’ai été surprise par les difficultés quotidiennes des Malgaches. Il y a eu une forte dégradation de la vie des Malgaches. J’ai entendu les gens qui se plaignaient de l’insécurité. La majorité ne mange plus à sa faim. J’ai vu des enfants qui ne vont plus à l’école. Et même quand ils vont à l’école, leurs parents ne peuvent pas leur acheter les fournitures. Les gens disent qu’il ne faut pas tomber malade. Sans parler de tous ceux qui ont perdu leur travail. J’ai vu tout cela en arrivant ici », s’est-elle désolée.
Presque l’ensemble de la communauté internationale estime que tout comme Didier Ratsiraka, elle non plus n’avait pas réuni les conditions d’éligibilité étant donné qu’elle ne réside à Madagascar que depuis peu alors que la loi électorale exige une présence physique d’au moins 6 moins avant les élections. Sur cette question, la Cour électorale a déjà donné son avis en soutenant que l’absence de Lalao Ravalomanana dans le Pays est indépendamment de sa propre volonté.
Pour sa part,
Andry Rajoelina pose une autre problématique, le fait qu’il s’agit de l’épouse de Marc Ravalomanana. A maintes fois, le n° 1 de la transition avait toujours «
mis en avant le verset 24 du chapitre 2 de la Genèse qui dit que ‘ les époux deviendront une seule chair’ » pour dire que si Lalao Ravalomanana se présente, elle incarne l’image de son mari. L’intéressée rétorque donc avec humour : « Aujourd’hui, lui, il a sa chair en Afrique du Sud. Et moi, je suis ici, à Madagascar ». Par rapport à ce verset biblique, elle répond : « Non, cela, c’est l’image que Dieu veut donner du mariage », en insistant qu’« ici, il est question d’individu et de la vie d’un pays ».
Avec cette image que les gens associent à son engagement politique et le devenir du groupe agro-alimentaire qu’elle gère avec son mari, Lalao Ravalomanana s’affirme en tant que femme. « Compte tenu de ce que je sais et de mes expériences, j’ai ma propre personnalité. Quand je serai présidente, ce sera son tour (celui de Marc Ravalomanana) de diriger l’entreprise. Il est impossible que des époux dirigent ensemble un pays. Il faut aussi reconnaitre aux femmes leur valeur », estime-t-elle.
Les partenaires financiers et techniques de Madagascar dans ce processus électoral avaient toujours dit que si jamais, l’un d
es trois candidats décriés, à savoir Lalao Ravalomanana, Andry Rajoelina et Didier Ratsiraka, accède au pouvoir à l’issue de la présidentielle, le régime ne sera pas reconnu. L’ancienne première dame malgache reste confiante sur le sujet. «
Lorsque l’ordre constitutionnel sera rétabli, la communauté internationale apportera sa reconnaissance, et reviendra avec les aides internationales. Je prie pour que cela arrive. C’est nous, les Malgaches entre nous, qui ne nous entendons pas. Ce n’est pas la Communauté internationale », a-t-elle dit en rajoutant que si les membres de la Communauté internationale voyaient les difficultés auxquelles les Malgaches sont confrontés, ils comprendraient le choix politique qu’elle s’est fixée.
« Dès lors que les étrangers voient qu’il y a la paix, la sécurité, et que ce que l’on fait a vraiment des impacts sur le peuple, ils reviendront. Ils n’ont pas un cœur de pierre. Il faut prier. Dieu peut changer le cœur des hommes », a-t-elle conclu concernant ce sujet.
A tous ses concitoyens, Lalao Ravalomanana dit : « Il faut que la solidarité et le pardon règnent dans notre pays ».