Quinze jours après la signature de la Feuille de route de sortie de crise, les acteurs politiques malgaches en sont encore au stade des tractations qui se révèlent être infructueuses, voire conflictuelles. A l’issue de la réunion de la troïka qui a pris fin hier en Afrique du Sud, la Sadc, l’organe chargé de la médiation, a mis en garde les politiciens malgaches contre toutes déclarations unilatérales ou toute autre interprétation du document, de nature à remettre en cause les acquis.
Dans un communiqué publié dimanche 2 octobre, la troïka " a exhorté les politiciens malgaches à tenir leur engagement commun et à s’abstenir de faire des déclarations unilatérales sur ce processus (de sortie de crise) ". La Sadc qui dirige les négociations pour sortir Madagascar de la crise politique a " réitéré qu’il était impératif que le pays revienne à la normalité constitutionnelle grâce à l’engagement commun de toutes les parties à la mise en œuvre de la Feuille de route qui a été signée " par onze groupements politiques, toutes tendances confondues.
A l’issue de la réunion ministérielle de la troïka qui s’est tenue à Pretoria, la Sadc a " convenu d’envoyer d’urgence une mission à Madagascar dans le but de présenter un projet pour la mise en œuvre de la Feuille de route ". La Gazette de la Grande île indique que la délégation des médiateurs pourrait débarquer à Antananarivo dans le courant de cette semaine. Cette mission sera chargée de présenter " le plan de mise en œuvre de la Feuille de route ".
Sur ce sujet, beaucoup estiment qu’il s’agit de " la clé de répartition des postes " au sein des institutions de transition, souligne le quotidien malgache, qui évoque notamment le prochain remaniement du gouvernement, le renouvellement ou l’élargissement du Conseil Supérieur de la Transition (CST, l’équivalent du Sénat), le réaménagement du Congrès de la Transition (CT, la version transitoire de l’Assemblée nationale) ainsi que la recomposition de la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
Dans un nouveau message téléphonique passé hier depuis son exil en Afrique du Sud, l’ancien président Marc Ravalomanana a réaffirmé son intention de rentrer au pays, sans toutefois donner de date précise. Il a cité le fameux article 20 de la Feuille de route qui prévoit " le retour sans condition des exilés politiques " y compris sa propre personne. Son éventuel retour est cependant contesté par le régime en place qui brandit la menace d’arrestation.
Le président exilé peut en outre se targuer d’être à l’abri là où il est. " L’Afrique du Sud m’a rassuré qu’il n’y aurait pas de militaires (malgaches) qui vont procéder à mon arrestation ", se réjouit-il. Il a ajouté que " le comportement des forces armées malgaches surprend la troïka ".