L’Unicef, l’organe des Nations Unies pour la mère et l’enfance, avec l’aide de ses partenaires habituels, a publié hier un rapport inquiétant relatant l’impact de la crise politique sur les jeunes malgaches. En effet depuis le début de cette année, les différents entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana ne cessent de faire des ravages à Madagascar. Infrastructures détruites, chômage, économie malade, dépréciation de l’Ariary et tant d’autres maux encore qui font actuellement croupir ce pays dans la misère étant donné qu’il figure déjà parmi les plus pauvres de la planète.
Une évaluation qualitative de l’impact de cette instabilité politique sur les jeunes a été effectuée par une équipe mobilisée par l’Unicef.
Sur 12 800 enfants et adolescents de 6 à 18 ans enquêtés, plusieurs ont fait état de traumatismes psychologiques graves à travers des dessins et des poèmes, dans des discussions en groupe ou en entretiens individuels. Presque tous ont relaté les évènements du début de l’année où la violence était à son comble à Antananarivo avec les pillages, les incendies, la fusillade d’Ambotsirohitra, les jets de pierre, … .
Témoins, victimes ou acteurs des violences, les jeunes ont fortement ressenti les impacts de ces quelques jours où l’anarchie a régné dans la capitale. « Je rêve de ce que j’ai vu à la télé toutes les nuits. Je vois le sang et les pleurs. J’entends les cris et je vois la mort venir » ou « Je me sens fâché, les polémiques politiques prennent place dans les établissements scolaires » ou encore « Je me sens très malheureux car papa n’a plus de travail », voilà des exemples de témoignages d’enfants qu’a recueillis l’équipe dépêchée pour l’évaluation.
Avenir compromis
Les travailleurs sociaux ont aussi rapporté un phénomène alarmant du fait que ceux qui ont participé aux pillages des magasins sont considérés comme des héros dans les cours des écoles, tandis que ceux qui n’ont rien fait ou n’ont pas osé, sont perçus comme des incapables. De plus, certains des jeunes ont avoué avoir été incités à participer, en toute impunité, à ces actes de vandalismes par des leaders communautaires et des adultes contre 5 000 à 15 000 Ariary.
En conséquence, l’Unicef et le système des Nations Unies craignent surtout pour le développement psychologique des jeunes qui pourront avoir du mal à discerner le bien du mal. « Les expériences négatives de la crise exposent les jeunes à des risques à long terme et conduisent à l’appréhension permanente de devenir agressifs », prévient Bruno Maes, représentant résident de l’Unicef.
Ce document se veut être un signal d’alarme pour les partenaires internationaux, les familles, la société civile, les médias et surtout pour les décideurs politiques concernant la situation des jeunes malagasy en ce moment. Inspiré de la légende, le document s’intitule « La boîte de Pandore ». Il renferme ainsi les peurs, les inquiétudes, la colère et les espoirs de la jeunesse de la Grande Ile.