Le passage vers la Deuxième République a été un véritable tournant pour la Grande Ile. Madagascar a alors totalement consommé son divorce d’avec la France et s’aligne sur la position du bloc soviétique.
A la mort du Général Ratsimandrava le 11 février 1975, Madagascar a été dirigé par un Comité national de direction militaire présidé par le Général Gilles Andriamahazo. Le 14 juin 1975, le Capitaine de corvette Didier Ratsiraka est nommé chef d’Etat et chef du gouvernement. Le Comité national de direction militaire est alors remplacé par un Comité national de la révolution et La Grande Ile entame sa révolution socialiste. Le 21 décembre 1975, Didier Ratsiraka est maintenu au pouvoir à la suite d’un vote référendaire où les Malgaches approuvent par une majorité écrasante la Charte de la Révolution socialiste et la nouvelle Constitution instituant la Deuxième République.
La République démocratique de Madagascar est proclamée le 30 décembre 1975 par un Didier Ratsiraka plus populaire que jamais. Porté par cet élan, le Président promet un progrès économique et culturel rapide, fondé sur une politique de non-alignement, de décentralisation administrative et de planification économique rigoureuse. Il crée le célèbre parti Avant-garde de la Révolution malgache (Arema) en mars 1976, parti gouvernemental dont il est le secrétaire général et domine ensuite la vie politique malgache. Dans la foulée, sous inspiration maoïste, il publie un petit "livre rouge" où figurent les grandes lignes de la Révolution. Didier Ratsiraka a alors mis en place une république de style socialiste, autoritaire, fortement centralisée, basée sur une économie nationalisée. L’Etat contrôle tous les échanges avec l’extérieur et ferme plusieurs ambassades. L’activité économique de Madagascar s’est alors dégradée progressivement au fil des années. La révolution a aussi touché l’éducation avec la grande vague de malgachisation de l’enseignement. Au bout d’une quinzaine d’année, sous le régime dictatorial du désormais Amiral Rouge, la Grande Ile se retrouve parmi les pays les plus pauvres de la planète. Néanmoins, durant cette période, Ratsiraka aura été réélu à deux reprises (1982, 1989).
L’opposition commence à s’exprimer en septembre 1977 contre notamment la rareté de la nourriture et des produits de premières nécessités. A chaque fois, Didier Ratsiraka y répond par de sévères répressions. A la fin des années 80, le pouvoir de l’Amiral s’est retrouvé affaibli par les manifestations à répétition qui scandent l’abrogation de la Constitution socialiste de 1975. Regroupée au sein du "Comité des forces vives", l’opposition décide la création d’un gouvernement parallèle avec le Professeur Albert Zafy comme Premier ministre. Une grève générale illimitée paralyse alors tout le pays. Le summum de cette deuxième crise sera la "Marche de la liberté". Lors de cette manifestation les forces de l’ordre ont fait feu sur la foule qui se dirigeait vers le Palais Présidentiel. Le 31 octobre 1991, Madagascar entre dans une nouvelle période de transition qui va durer près de deux ans et qui sera dirigée par Zafy Albert. Le 19 août 1992, la nouvelle constitution qui instaure la Troisième République est adoptée par référendum et le Professeur Zafy en devient le premier Président le 10 février 1993.