Il est de notoriété publique à Madagascar que les grands trafiquants de bois de rose sont très puissants. Armand Marozafy est aujourd’hui en prison pour diffamation, après avoir dénoncé leur crime.
Le bois de rose est très recherché par les chinois qui le considèrent comme le bois le plus précieux du monde depuis l’époque des empereurs. A Madagascar, les ressources des trafiquants leur garantissent une certaine impunité, en dépit des dénonciations des ONG et des promesses des autorités malgaches.
Armand Marozafy est un de ces défenseurs de l’environnement. Il est aujourd’hui en prison et accusé de diffamation pour avoir envoyé un rapport censé rester confidentiel à deux ONG, dans lequel un important opérateur économique local est accusé de collusion avec les trafiquants. Mais le document est publié sur les réseaux sociaux et l’entreprise porte plainte. Ses collègues font appel aux autorités pour faire la lumière sur cette affaire, mais aussi, pour mettre fin à cet odieux trafic.
Clovis Razafimalala, un des collègues d’Armand Marozafy et coordonnateur de Lampogno, organisation de la société civile qui œuvre contre l’exploitation du bois de rose, prend sa défense : " Armand Marozafy accuse d’être trafiquants de bois de rose des opérateurs touristiques de Maroantsetra qui sont très puissants là-bas et cet article est apparu sur Facebook. Mais à mon avis, ce n’est pas Armand qui a publié cette lettre parce que nous, on a déjà travaillé depuis longtemps sur la lutte contre le bois de rose. On n’a jamais publié quelque chose comme ça parce que nous savons déjà que c’est dangereux", a-t-il déclaré.
Clovis Razafimalala dénonce aussi les menaces des trafiquants. Il demande donc aux autorités de la Grande île de mieux protéger les défenseurs de l’environnement. "Ils viennent chez nous. Ils disent ouvertement, ‘ou vous coopérez avec nous, ou on vous met en prison ou on vous élimine’. Jusqu’à maintenant on arrête les personnes qui protègent l’environnement, mais on n’arrête jamais les trafiquants", a-t-il poursuivi.
Les autorités malgaches ont promis de mettre en place un tribunal spécial contre le trafic des ressources naturelles. L’Assemblée nationale doit examiner dans les prochains jours un projet de loi en ce sens.