Comores Télécom vient d’interdire de façon officielle la téléphonie en ligne, bloquant l’accès des internautes comoriens à plusieurs sites web offrant la communication gratuite. La colère gronde sur l’archipel.
Une mauvaise nouvelle pour les internautes comoriens, qui se retrouvent privés de téléphonie internet suite à une décision prise par la société d’Etat Comores Télécom, qui a bloqué ce type de communication gratuite sur toute l’étendue du territoire comorien. Dorénavant, ils n’ont plus accès à Skype ou autres services leur permettant de passer des appels en ligne gratuitement, révèle le quotidien Comores Info.
L’archipel s’isole du monde, dans le contexte d’une concurrence directe entre l’opérateur historique des Comores et les sites web utilisant la ligne téléphonique VoIP (Voice over IP qui signifie en français voix sur réseau IP).
Ce blocage a provoqué « une colère sans précédent chez les internautes déjà irrités par les coupures du réseau internet et le débit toujours aussi faible », rapporte La Gazette des Comores. Des acteurs des Tics et les usagers appellent à la mobilisation générale afin de dénoncer cette « censure », poursuit le journal. Et de préciser que « la décision de censurer les communications par voix IP n’a pas eu l’adhésion de tous les dirigeants de la société » comorienne, qui a dû recruter des techniciens béninois pour s’en occuper.
L’Agence nationale de régulation des Tics aux Comores (ANRTIC) voit d’un mauvais œil la censure dont la mise en œuvre n’a pas reçu son aval. « Mais la direction de Comores Telecom n’a jamais pris la peine de consulter l’ANRTIC et elle a pris l’habitude de transgresser la loi et les textes règlementaires », confie un agent du département juridique de l’ANRTIC.
Comme beaucoup d’internautes comoriens, Hamdiou Mhoma, le président du syndicat des consommateurs des Tics, a affirmé avoir été choqué par cette censure. Il a annoncé qu’il allait déposer une plainte auprès de l’ANRTIC, le seul organe « investi de pouvoirs d’injonction, de sanction et de répression contre tout opérateur ou fournisseur de service qui agirait en porte-à-faux avec la loi ».
« Lorsqu’un cyber décide de faire de la téléphonie payante, bien entendu, il devient opérateur de télécommunication. Il doit déclarer son activité. Par contre, lorsque tu utilises un logiciel de voix tel que skype, viber et autres, tu n’as pas besoin d’autorisation quelconque », soutient Hamidou Mhoma.
« C’est une nouvelle qui risque de pousser les gens dans la rue et d’ailleurs quel intérêt lancer la 3G si l’on bloque par la suite ces types de logiciels », ajoute le militant comorien, pour qui, seule l’utilisation des fonctionnalités VoIP à des fins commerciales devra être interdite, en vertu d’un accord conclu entre Comores Telecom et les syndicats des consommateurs des Tic.
La société nationale Comores Telecom explique sa décision par le souci de préserver sa stabilité financière, vu qu’environ 90% de ses recettes proviennent des appels téléphoniques. Avec le manque à gagner enregistré ces deux dernières années, ses caisses risqueraient de plonger dans le rouge.
« Non aux censures de Comores Telecom », peut-on lire sur une page Facebook, ouverte lundi 5 août par plusieurs internautes, qui lancent aussi un appel au boycott contre Comores Telecom « en interrompant toutes les communications durant 24 heures », comme le relate La Gazette des Comores.