L’histoire de la survie de Bahia Bakari sortira sous peu dans un livre :
Après avoir embarqué à Marseille aux côtés de sa mère pour aller passer ses vacances aux Comores, l’avion de bahia s’écrase à quelques kilomètres du point d’arrivée. La jeune fille est la seule survivante.
Ce 30 juin 2009, le vol IY 626 s’abîme en mer aux alentours de 3 heures du matin : à environ 18 kilomètres de l’aéroport de Moroni. La jeune Bahia est repêchée en début d’après midi.
À son arrivée à l’hôpital de Moroni, la jeune fille ne pleure pas. Elle réclame sa mère mais elle ne sait pas que celle-ci figure parmi les 152 disparus du vol IY626."À l"hôpital, ils ont été obligés de lui dire que sa mère était hospitalisée dans une autre chambre" explique le père de Bahia, Kassim Bakari.
Dans les jours qui suivent la fille commence à relater les premiers souvenirs qui lui reviennent : Elle était assise sur son siège quand elle a entendu un gros bruit sourd. Elle se souvient d’une décharge électrique qui lui a fait perdre connaissance. Bahia Bakari se réveille alors dans l’eau.Elle s’agrippe à une planche de bois, car elle ne sait pas nager.
Aujourd’hui la fille a repris une vie la plus normale possible. Elle suit sa scolarité dans un collège de Marseille.
Un an plus tard, à la Réunion, comme en Métropole, les familles des victimes veulent toujours connaître les raisons de la tragédie. Sur le plan judiciaire, les familles vont enfin voir les premières indemnités versées.
Le 4 mai dernier, le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence a en effet rendu publique sa décision. Des indemnités provisionnelles (3,4 millions d’euros) vont être versées. 50 ayants droit sont concernés, chacun recevra un dédommagement provisionnel pour préjudice moral, d’un montant pouvant atteindre 20 000 euros, certains pourront toucher également un acompte pour préjudice économique. Ont aussi été accordés 1 000 euros à chaque plaignant pour faire face aux procédures en cours.
À Marseille, l’association qui se bat en mémoire des victimes a été reçue en début d’année par le juge d’instruction chargé du dossier, certains sont ressortis avec un goût amer : « J’ai eu l’impression que nous ne saurons jamais vraiment la vérité sur ce crash. Le juge d’instruction nous a bien dit que si l’État français ne faisait pas pression sur le gouvernement comorien, il ne se passera rien. »
Le contenu des boîtes noires, par exemple, n’a pas été donné aux familles. Selon un membre de l’association, « L’État comorien fait de la rétention d’information. Des infos sont parues dans les journaux, mais aucune autorité ne nous dit ce qu’il y avait dedans. »
L’association, qui se réunit tous les samedis dans un salon de coiffure de Marseille, « tente de colmater les trous béants laissés par l’État ». Il faut, par exemple, organiser les courses pour les femmes qui ont perdu leur mari, soutien de famille, car ce sont « les hommes qui, traditionnellement, s’occupent des achats alimentaires ». Il faut occuper les enfants lorsqu’une mère se retrouve seule. Il faut lire les courriers administratifs à ceux qui ne savent pas lire. Et il faut cultiver le devoir de mémoire.
Aujourd’hui, l’association organise, à Marseille, une marche silencieuse, à 16 h 30 (heure Réunion), de la porte d’Aix à la mairie centrale. Pour ne pas oublier.