L’ambassadeur de France aux Comores - Philippe Lacoste - a mis en avant la nécessité de "reconstruire la confiance" entre les deux pays, qui ont selon lui "des liens uniques".
L’ambassadeur de
France aux Comores, Philippe Lacoste a donné
sa toute première conférence de presse depuis sa nomination en juillet 2011. Une occasion pour le diplomate français d’aborder différents sujets qui relèvent de la coopération entre les deux pays, selon le quotidien comorien Alwatwan.
D’entrée de jeu, l’ambassadeur français a mis l’accent sur la nécessité de « reconstruire la confiance » entre Paris et Moroni, qui entretiennent, selon ses dires, des relations « uniques ». Raison pour laquelle il est primordial de relancer les travaux du Haut conseil paritaire (Hcp).
« Avec une diaspora estimée à plus de 300 000 personnes, nous avons des liens uniques. Nous devons travailler ensemble pour faciliter la circulation des biens et des personnes, et ainsi éviter tous ces drames humains », déclare Philippe Lacoste, faisant référence aux traversées des immigrants clandestins entre l’île comorienne d’Anjouan et l’île française de Mayotte, presque quotidiennement, et ce, aux périls de leur vie.
Devant la presse comorienne, le diplomate français s’est exprimé longuement sur la nature de la coopération qui lie la France à l’Union des Comores.
« La coopération entre la France et les Comores ne tombe pas du ciel. Elle s’inspire du Document-cadre de partenariat, lequel fixe les objectifs des Comores en matière de développement. Nous intervenons dans des secteurs variés, dont la santé, l’eau et l’assainissement, l’économie, etc »,’ affirme SEM Philippe Lacoste.
D’après lui, les Comores figurent parmi les rares pays au monde qui ’’bénéficient de tous les instruments de coopération de la France (dons, prêts, co-développement, actions horizontales,...). » A titre indicatif, « la France a consenti plus de 10 millions d’euros en 2013 pour le financement de plusieurs projets aux Comores », alors que la moyenne annuelle de l’aide française se chiffre à 12,5 millions d’euros, soit près de 6 milliards de francs comoriens.
A l’heure actuelle, l’ambassade de France aux Comores adopte une nouvelle approche afin de rationnaliser cette aide au développement en ’’se partageant le travail avec l’Union Européenne pour ne pas intervenir dans le même secteur’’, comme le relate Alwatwan.
Questionné au sujet de divergences de vues entre la France et les Comores sur le front diplomatique, Philippe Lacoste se pose en partisan du dialogue franco-comorien afin d’aplanir les différends qui opposent les deux pays. « Entre la France et l’Allemagne, on a connu pire, avec des milliers de morts à la clé. Mais, les deux pays ont finalement réussi à tourner la page et à former ce tandem qui dirige aujourd’hui l’Union européenne », argumente-t-il.
Evoquant le contentieux territorial qui plane sur Mayotte, l’ambassadeur français prône un rapprochement entre l’île française et ses trois îles voisines, dont Grande-Comore, Anjouan et Mohéli. « Notre politique consiste à rapprocher, entre temps, Mayotte des autres îles par des rencontres culturelles, des échanges économiques,...L’essentiel pour la France est d’éviter qu’il y ait un différentiel important entre l’île et ses trois sœurs », explique-t-il.
Concernant les problèmes de visa, à l’origine des tensions récurrentes entre les deux pays, Philippe Lacoste s’est félicité des efforts déployés par son cabinet pour améliorer ’’les conditions d’accueil’’ des demandeurs.
’’Nous recevons 10 000 demandes de visa par an. La gestion de ce flux est compliqué. C’est pourquoi, sur la base de la confiance, nous accordons des visas de 90 jours, voire d’un an à certains. Avec le Hcp, il sera question de voir la possibilité de délivrer des visas de circulation de deux ou trois ans’’, conclut-il.