Suite aux échauffourées lors d’une manifestation estudiantine au lycée public de Moroni, des lycéens veulent que les agresseurs d’un jeune blessé par balles en caoutchouc soient traduits en justice. Ces derniers dénoncent des violences policières.
Lundi 20 février, des jeunes qui participaient à une manifestation d’étudiants au lycée Said Mohamed Cheick de Moroni ont été fortement réprimandés par les forces de l’ordre. Une douzaine de gendarmes ont frappé, matraqué et tiré sur ces jeunes manifestants. Une vidéo montre notamment un jeune roué de coups à l’arrière d’un pick-up dans la cour du lycée, alors que des dizaines de témoins sont présents.
Selon les informations relayées par RFI, un lycéen a été blessé par balles en caoutchouc et sept autres ont été matraqués et hospitalisés. Pour les manifestants, ce bilan est lourd et inacceptable. Pour protester contre les violences, les professeurs ont décrété l’arrêt des cours jusqu’à vendredi. De son côté, le président de la République des Comores, Azali Assoumani, a jugé que le comportement des gendarmes était "inacceptable". "Des mesures doivent être prises pour que, plus jamais, ces scènes choquantes ne se reproduisent dans notre pays", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue le mardi 21 février 2017.
Jeudi, les lycéens ont tenu une réunion au lycée Saïd Mohamed Cheikh pour montrer leur solidarité envers leurs amis blessés. Ils réclament justice et assurent que les classes resteront vides tant que les policiers concernés par les agressions ne soient pas réprimandés. "Nous, les élèves du lycée Saïd Mohamed Cheikh ne retournerons pas dans notre établissement avant que les auteurs de ces crimes soient jugés devant l’instance de Moroni car nos professeurs ont porté plainte devant cette justice. Ensuite, nous les élèves, allons mener une lutte légitime : oui, on est prêts à passer une année blanche car nous, l’ensemble des élèves, en avons pris l’initiative", ont annoncé les lycéens après leur réunion.
Du côté du gouvernement, aucune réelle condamnation judiciaire n’a encore été décidée. Mohamed Daoud, ministre de l’Intérieur et porte-parole du gouvernement évoque du moins des mises à pieds. "Nous regrettons ce qui s’est passé … il y a des mesures qui vont être prises. Il y a des sanctions. Ils vont passer surement par des mesures disciplinaires. Il y aura justice", a-t-il assuré. Mais le ministre est resté sur ses gardes : "du côté des militaires, il y a toujours un truc spécial. Ce n’est pas pareil que des civils, ça, il faut que les gens le comprennent".