Âgée de 54 ans, Moinaecha Youssouf Djalali, une femme d’affaires franco-comorienne se veut être "la mère de l’archipel". D’ailleurs, sa chanson de campagne intitulée "Moinaecha, c’est la chance pour la femme comorienne" en dit beaucoup sur ses motivations.
Moinaecha Youssouf Djalali est la deuxième femme à briguer le poste de président des Comores en faisant face aux 24 candidats masculins. En 2010, une professeur d’éducation physique nommée Zaharia Saïd Hamed, s’était lancée dans la course à la magistrature suprême en obtenant moins de 1% des suffrages.
"Lâchez le volant et confiez-le-moi"
Alors que Moinaecha Youssouf Djalali ne se trouve pas parmi les favoris du scrutin, son conseiller spécial l’a déjà appelée "présidente". Lors de sa campagne, l’unique candidate aux élections présidentielles aux Comores a martelé : "si vous ne pouvez pas diriger le pays, lâchez le volant et confiez-le-moi", en s’adressant aux dinosaures masculins de la politique et devant la foule du marché Volo Volo, composé en majorité de femmes. Aux Comores, pays musulman de l’Océan Indien qui prône un islam tolérant, une seule femme a un poste au sein du ministère et une autre figure parmi les 33 membres de l’Assemblée nationale.
Les réactions de Comoriens
Cette candidature de Moinaecha Youssouf Djalali a suscité de nombreuses réactions aux Comores avec des avis partagés. Libération a réussi à recueillir certaines d’entre elles. "Depuis quarante ans, le pays est dirigé par les hommes et on n’a rien vu. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’une femme soit présidente", a indiqué Dini Ridhoi, vendeur de légumes. Également favorable à l’idée que Moinaecha dirige l’archipel, Tshoholé Soudjay, mère de cinq enfants, a expliqué qu’il n’existe actuellement aucun système de santé publique, car même l’eau à l’hôpital s’achète. Au moins elle "se préoccupe de nos problèmes de femmes", a ajouté la Comorienne.
Toutefois, les opposés à cette candidature se font aussi entendre. "L’islam dit qu’une femme ne peut pas être devant", argumente Mouhamadi Soula Al Saïd, 20 ans. De son côté, Ayoubou Mohamed a défendu : "déjà qu’avec un homme, ce pays n’arrive à rien, alors avec une femme".
Questionnée sur ses trois priorités, Moinaecha Youssouf Djalali en évoque au moins cinq, assez ambitieuses, à savoir le bien-être des Comoriens, le développement et les infrastructures, mais aussi la sécurité, la justice et la santé publique.
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