Les agriculteurs mauriciens lancent un cri de détresse face à la recrudescence de vols de légumes sur l’île. Des voleurs armés écument les plantations pendant la nuit.
Les vols de légumes ont toujours existé sur l’île Maurice mais le phénomène a pris une dimension inquiétante ces derniers jours. Les agriculteurs locaux font face aujourd’hui à « un véritable fléau », révèle le quotidien Le Mauricien, qui fait référence à l’apparition des voleurs lourdement armés et circulant à bord des véhicules.
Si autrefois les planteurs avaient affaire à des vols moins préjudiciables dont le butin se limitait à tout ce qui peut être transporté à pied ou à vélo, à l’heure actuelle, les voleurs peuvent dévaliser des plantations entières en une seule nuit. Autre particularité : ces voleurs n’ont pas froid aux yeux. Ils sont capables d’agir même en présence des agriculteurs, alors qu’auparavant ils agissaient en milieu de journée au moment où leurs victimes prenaient la pause du midi.
Les gangs armés font parler d’eux dans plusieurs régions de l’île notamment du côté du plateau central, à Plaine-Sophie et La Marie. « Auparavant, les voleurs craignaient les propriétaires des plantations. Mais depuis quelques années, les vols ont pris une nouvelle dimension avec la constitution de véritables gangs de voleurs armés, qui sillonnent les plantations la nuit dans des véhicules », déclare dans les colonnes du journal Le Mauricien Tunraz Rampall, secrétaire de la Mauritius Agricultural Marketing Cooperative Federation (MAMCF).
Comme leurs pairs opérant en ville, la plupart des voleurs de légumes écume les plantations de préférence la nuit, profitant de l’absence des agriculteurs. Récemment à Plaine-Sophie, un planteur de pommes de terre a été victime d’un vol d’une grande quantité de sa production. Un vol qu’il n’a constaté qu’à son réveil le matin.
« On a alors compris que les voleurs surveillaient ses mouvements afin de pouvoir le voler en toute tranquillité. De toute façon, les agriculteurs ne peuvent matériellement pas surveiller tout temps leurs plantations. Ils n’en ont pas les moyens, sans compter qu’ils craignent pour leur vie. Seuls dans leurs plantations, ils peuvent en effet être attaqués par des voleurs armés », raconte un voisin de la victime.
Tunraz Rampall explique que les planteurs sont livrés à eux-mêmes et n’envisagent pas de créer une équipe de surveillance, par crainte d’« une violente confrontation avec les voleurs, faisant des blessés de part et d’autre ».
Le mois dernier, la MAMCF a fait appel à des policiers de La Marie pour prendre en main ces affaires de vols, mais l’enquête n’a donné aucun résultat concret. « A cette occasion, les agriculteurs ont expliqué à la police avoir cessé de rapporter les cas de vols. Selon eux, non seulement l’exercice leur fait perdre beaucoup de temps, mais ils ne récupèrent jamais leurs légumes volés », rapporte le responsable du collectif des agriculteurs.
Comme solution à ce fléau, Tunraz Rampall propose qu’« il faut (…) contrôler la vente des légumes pour savoir d’où ils proviennent et qui sont les producteurs. Les légumes volés et vendus aux consommateurs peuvent être contaminés avec des produits chimiques, surtout lorsque l’on n’a pas observé la période de rémanence. Il y va de la santé des consommateurs », argument-t-il. Le secrétaire de la MAMCF demande une réaction rapide des autorités, puisqu’actuellement « n’importe qui peut vendre des légumes à l’encan, où personne ne s’interroge sur la provenance des légumes ».