Maurice veut basculer d’un Etat insulaire à un Etat-océan. Des concertations de haut niveau se déroulent actuellement sur l’île en vue d’étudier ce basculement.
Connue pour son statut d’Etat insulaire, Maurice prépare actuellement son passage à l’Etat-océan, dont le moteur de l’économie est basé sur les énergies renouvelables, l’industrie de la pêche, les recherches et les explorations maritimes. Un tournant décisif qui a déjà dépassé le stade de projet.
En effet, cette semaine, se déroule à Pailles une série de concertations baptisées ‘Dialogue national sur l’Economie bleue’, à laquelle participent des « experts internationaux, des acteurs et décideurs locaux », selon le quotidien L’Express de Maurice.
« Ce projet arrive à un moment crucial de notre histoire. Cette vision a deux dimensions. D’abord économique car il est question de développer les énergies renouvelables, l’industrie de la pêche, les recherches et les explorations maritimes. Ensuite diplomatique, puisqu’il faudra engager des partenariats et mettre en place un cadre juridique, politique et scientifique », devait expliquer le ministre mauricien des Affaires Etrangères, Arvin Boolell, en juin dernier, lors d’une réflexion avec de hauts fonctionnaires, en charge du dossier.
A l’issue du dialogue national, les participants seront tenus d’établir une feuille de route permettant d’encadrer le basculement de l’île, qui passera d’un Etat insulaire à un Etat-océan.
Durant deux jours, de sérieuses discussions seront engagées afin d’étudier la faisabilité de cette transition sous l’égide du représentant de Maurice aux Nations unies, Milan Meetarbhan, entouré d’une dizaine d’experts internationaux sur la mer, ses ressources, ses implications diplomatiques et territoriales entre autres.
Dans les colonnes de l’Express de Maurice, Reza Badal, spécialiste des questions océaniques et directeur de l’Ocean Matters Unit au bureau du Premier ministre, estime qu’avec ce nouveau statut, Maurice se fixe un ambitieux défi de « générer dans 15 ans 50% de son produit intérieur brut à partir des industries de la mer. En ce moment c’est seulement 2,5% ».
Le mois dernier, le chef de la diplomatie mauricienne se montrait optimiste, étant donné que « Maurice dispose de 2,3 millions km2 de territoire marin sur lequel il peut exercer ses droits ».
Dans la pratique, l’île sœur devra multiplier ses efforts « pour tirer profits de l’immensité de son territoire marin (2,3 millions km2 contre 1,800 km2 de territoire terrestre) », argumente l’Express de Maurice, qui énumère d’autres chantiers majeurs, auxquels doivent s’atteler les autorités locales, à tous les niveaux.
« Maurice devra non seulement se lancer dans de nouvelles industries spécialisées, mais aussi engager des discussions sur plusieurs fronts diplomatiques pour délimiter son territoire et étendre davantage son plateau continental. Il lui faudra aussi une parfaite maîtrise des 320 articles du droit de la mer tel que défini par la United Nations Convention on the Law of the Sea (UNCLOS) ».