Une ressortissante malgache de 23 ans se trouve actuellement dans un état critique après un avortement qui a mal tourné. La jeune femme, employée dans la zone franche, aurait décidé de mettre un terme à sa grossesse car son contrat de travail stipule qu’elle n’a pas le droit de tomber enceinte ni d’accoucher à Maurice. Ce cas relance le débat autour de la légalisation de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) à Maurice, où l’avortement est passible de dix ans de prison. Le médecin présumé avorteur, de nationalité mauricienne, a été arrêté puis libéré sur parole.
Souffrant de graves complications liées à l’avortement, la jeune ouvrière malgache a été admise en soins intensifs à l’hôpital Jawaharalall Nehru de Rose-Belle depuis jeudi 8 août. Son état s’est dégradé au fil des jours et elle se bat actuellement contre la mort. Elle était enceinte de deux mois quand elle a décidé de se faire avorter le 19 août dernier.
Entre son bébé et son emploi, elle a fait son choix. Selon ses dires, " l’acte chirurgical " aurait été pratiqué clandestinement chez un médecin de Beau-Bassin, moyennant Rs 4 500 (environ 115 euros). La jeune Malgache a préféré débourser cette somme plutôt que de se retrouver sans emploi et refoulée dans son pays d’origine.
Le médecin incriminé a été interpellé chez lui vendredi 9 septembre. Une perquisition menée dans son cabinet a également permis de découvrir des matériels chirurgicaux suspects. Mais ce gynécologue, qui conteste les accusations, a été relâché sur parole. Il a affirmé aux enquêteurs que la jeune femme était déjà souffrante lorsqu’elle a débarqué dans son cabinet. Il aurait décidé de l’ausculter " pour des raisons purement humanitaires ".
L’enquête a été confiée à la Woman Police Inspector (WPI). Cette affaire éclate au grand jour alors que l’île Maurice doit se présenter devant l’Assemblée des Nations unies en octobre prochain pour éclaircir sa position sur le droit à l’avortement. L’avortement est considéré comme un acte illégal sur le territoire mauricien. Toute personne qui s’est rendue coupable de ce délit, y compris les médecins, risque jusqu’à dix ans de prison. La même peine est aussi réservée à la femme qui se fait avorter.