Le président de la République de Maurice, Sir Anerood Jugnauth, s’en est pris ouvertement au premier ministre Navin Ramgoolam, qualifié de « chauffard » qui mène le pays au bord du précipice. « Le président, dépassé par l’âge, ne sait pas ce qu’il est en train de dire », lui réplique sèchement le chef de gouvernement mauricien.
Clash entre le chef de l’Etat mauricien et le premier ministre. « C’est à une véritable déclaration de guerre que s’est livré le président de République, ce dimanche 18 mars » lors de la célébration des 44 ans de l’Indépendance et des 20 ans de la République, organisées par la Hindu House, rapporte L’Express.mu. Dans son discours, Sir Anerood Jugnauth n’a pas mâché ses mots, mettant très mal à l’aise Navin Ramgoolam, assis au premier rang des invités d’honneur.
« Mon ami Ramdhun a dit que nous devons être unis. Cette question d’unité qui fait la force et amène le progrès, même nos petits-enfants en sont familiers. Mais l’unité pour quoi faire ? Pour amener le pays vers un précipice ? Si le chauffeur mène la voiture vers un précipice, devons-nous nous unir pour lui donner un coup de main ? Nous sommes tous d’accord avec l’unité si le pays va dans la bonne direction. Pas pour le faire reculer mais pour le mener vers ce progrès que nous avons déjà connu », lance-t-il, critiquant ouvertement la politique menée par le chef du gouvernement mauricien.
« La fête de l’indépendance est peut-être une occasion pour les enfants de s’amuser. Mais pour nous, les adultes, c’est le moment de réfléchir à d’où nous venons et où nous en sommes aujourd’hui. Souvenez-vous de l’époque où il y avait de l’emploi pour tous. C’était la période de gloire et il nous faut retrouver ces moments là », ajoute le président mauricien, faisant référence à la « belle époque », où il était encore aux commandes de la machine gouvernementale.
Sir Anerood Jugnauth a rappelé à l’assistance le travail qu’il a entrepris à l’époque où il était encore Premier ministre pour sortir le pays de la « banqueroute ». Un travail, selon ses dires, dont profitent encore les dirigeants actuels. « Et aujourd’hui il est plus facile de diriger le pays que cela l’était quand j’ai pris la direction en 1982 », juge Sir Anerood Jugnauth.
Pour conclure son discours, le chef de l’Etat mauricien a revendiqué sa part de gloire dans la bataille pour l’Indépendance mauricienne : « Nous devons être fier de notre indépendance. Nous reconnaissons tous que Sir Seewoosagur en a été le moteur. Mais plusieurs personnes ont parlé de l’indépendance avant. Je dois faire ressortir qu’à la conférence de Londres, si je n’étais pas présent, s’il n’y avait pas Sir Razack Mohamed, nous n’aurions pas eu notre indépendance. Alors il est temps d’arrêter de penser que c’est seulement une personne qui a mené le pays vers l’indépendance », martèle-t-il.
A peine le discours du président de la République terminé, le Premier ministre ainsi que d’autres ministres présents se sont empressés de quitter les lieux, relate L’Express.mu.Très remonté, Navin Ramgoolam a déclaré à la presse que Sir Anerood Jugnauth « ne sait pas de quoi il parle. Il a atteint un certain âge et il ne sait plus de quoi il parle ». Et il ajoute : « J’espère qu’il aura le courage de descendre dans l’arène politique ».
C’est effectivement le souhait de l’opposition, Sir Aneerood Jugnauth. Il a été sollicité pour rejoindre Paul Bérenger, le leader de l’opposition pour affronter le Premier ministre lors des prochaines élections pour faire le "remake 2000". Sir Aneerood Jugnauth du Mouvement Socialiste Mauricien et Paul Bérenger du Mouvement Militant Mauricien avaient alors conclu une alliance. Les deux hommes politiques avaient alors partagé le pouvoir à la tête du gouvernement. Sir Aneerood Jugnauth était Premier ministre pendant trois ans et Paul Bérenger pendant deux ans. Ce dernier souhaiterai renouveler ces mêmes modalités si un accord est trouvé avec l’actuel président de la République.