Face à la cour d’Assises , le principal accusé dans le meurtre de Michaela Harte a maintenu ses allégations selon lesquelles les policiers lui ont fait subir des actes de torture pour lui arracher ses aveux.
Avinash Treebhowon persiste et signe. Le suspect numéro un du meurtre de Michaela Harte a répété devant la cour d’Assises jeudi 24 mai qu’on lui a extorqué ses aveux sous la torture. L’accusé a pointé du doigt la méthode employée par les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) lors de son interrogatoire.
Ses avocats ont lu devant la cour d’Assises une plainte consignée par l’accusé deux jours après son arrestation, soit au lendemain du meurtre, le 11 mai 2011.
Dans sa déposition, Avinash Treebhowon détaille son interrogatoire en ces termes : « Le premier jour, j’ai été emmené au poste de police de Piton où les policiers m’ont giflé à plusieurs reprises au visage, à la joue et à l’oreille. On m’a, par la suite, emmené dans les locaux de la Major Crime Investigation Team, à Port-Louis. Des policiers m’ont déshabillé et frappé sur une table ».
Et il poursuit : « Le deuxième jour, des policiers m’ont placé sur une chaise alors qu’ils remplissaient un seau d’eau. Ils m’ont alors attrapé par le cou et m’y ont plongé la tête. Ils m’ont aussi mis une serviette sur le visage et versé de l’eau dessus ».
Le prévenu a également fait ressortir que le surlendemain de son arrestation, il aurait subi des mauvais traitements de la part des policiers lors de son transfert à bord d’un véhicule de la MCIT. Des sévices qui auraient nécessité l’intervention d’un médecin, d’après ses dires.
Selon L’Express.mu, cette ligne de défense mise en avant lors de la reprise de l’audience en cour d’Assises ce jeudi 24 mai pourrait « faire basculer le procès en l’absence de preuves matérielles » contre les accusés Avinash Treebhowon et Sandeep Mooneea.
Autre fait marquant au troisième jour du procès aux Assises concerne l’audition du constable Jeewooth, le photographe de la scène du crime. Celui-ci a de nouveau reconnu devant le juge qu’il y a eu une réelle différence entre les photos prises peu de temps après le crime et celles prises au lendemain lors de la reconstitution des faits. Autre constat intrigant : un de ses clichés montre que la baignoire dans laquelle Michaela Harte a été retrouvée sans vie était sérieusement endommagée.
« Il s’avère que la baignoire a été démontée par les experts du Forensic Science Laboratory (FSL) peu après la découverte du corps de Michaela Harte. Ceux-ci étaient en quête d’indices dans le système d’évacuation », explique L’Express.mu.
Parmi les témoins appelés devant la barre figure Hurgobin, le dessinateur mandaté par la police sur les lieux du crime le jour du drame. Son audition a aussi laissé entrevoir une autre faille au niveau des investigations. L’homme a admis n’avoir rien dessiné du tout. Le plan parvenu entre les mains de la police a été fourni par la direction de l’hôtel Legends, l’établissement où la touriste irlandaise a été tuée. Par précaution, « la cour a ainsi décidé que cette carte ne sera pas prise en considération dans le cadre du procès ».
De ce fait, de nombreux médias notamment irlandais présents à l’audience ont déploré le « manque de professionnalisme » des enquêteurs mauriciens en charge de cette affaire de meurtre. Le procès devant la Cour d’Assises de Port-Louis se poursuit et il devrait s’étaler sur deux semaines.
Source : L’Express.mu