Un journaliste de la chaîne irlandaise UTV a réalisé un reportage sur l’affaire Harte et parle ouvertement des « manquements de la police mauricienne ».
Le déroulement des enquêtes concernant le meurtre de Michaela Harte suscite encore de nombreuses questions, notamment en Irlande où la chaîne locale UTV a diffusé mercredi soir un reportage remettant en question les capacités de la police mauricienne et de la poursuite publique.
D’abord au niveau de l’enquête, le journaliste de la chaîne, Chris Moore, qui a réalisé ce reportage, s’étonne qu’il n’y ait pas eu de prélèvements d’échantillons ADN ou d’empreintes digitales sur les portes-fenêtres de la terrasse alors que cette démarche aurait pu mettre en lumière plus d’éléments.
Chris Moore s’interroge également sur le fait que le porteur de bagages, Rajib Bhujun, qui avait ouvert la chambre 1025 à l’époux de la victime, John McAreavey, n’ait pas été cité comme témoin par le ministère public. Pourtant, si ce dernier avait considéré sa déposition, estime le journaliste, cela aurait pu aider les enquêteurs à déterminer par où sont entrés les auteurs du meurtre le 10 janvier 2011.
La déclaration de cet homme était en effet en contradiction avec celle du mari de la victime. Si ce dernier maintenait que les portes-fenêtres de la terrasse étaient fermées ce jour là, l’employé de l’hôtel, lui, soutenait qu’elles étaient bien ouvertes.
Ce qui intrigue entre autres le journaliste irlandais c’est le fait que cet employé qui devait être un témoin clé dans cette affaire ait été autorisé à quitter le pays avant la conclusion de l’enquête.
Le documentaire revient également sur la décision du ministère public de citer Raj Theekoy, un ancien collègue de travail des deux accusés, comme témoin alors qu’auparavant, on l’avait classé parmi les suspects. Le journaliste rappelle ainsi que cet homme avait fourni deux versions contradictoires à la police et que MCIT avait ensuite affirmé détenir des preuves scientifiques corroborant avec sa déposition. Pourtant, lors du procès, cette unité n’a pas été en mesure d’en produire un seul, selon lui.
Plusieurs sources mauriciennes ont été interviewées par Chis Moore dans le cadre de ce reportage. Entre autres Me Jean-Claude Bibi qui a osé affirmer que « c’est la réputation de la MCIT qui a influencé le jury dans sa décision » lors du procès aux Assises.
A une certaine époque, cette unité en charge des enquêtes criminelles avait été accusée de brutalité policière, rappelle l’avocat. Du coup, dès que l’un des suspects, Avinash Treebhoowon a déclaré avoir été obligé «
sous la torture » de passer aux aveux, le jury a aussitôt conclu à un faux témoignage et a décidé de l’
acquitter avec l’autre employé,
Sandip Mooneea en juillet.
Ce phénomène est récurrent dans le système judiciaire mauricien, avance Me Jean-Claude Bibi. « La majorité des enquêtes élucidées à Maurice sont basées sur des aveux », indique-t-il en rajoutant que depuis 1979, 57 personnes ont péri durant leur détention policière « dont 54 depuis 1990 et plusieurs autres sous le mandat de Navin Ramgoolam ».
Source : lexpress.mu