Plus qu’une simple propagande, la campagne électorale à l’île Maurice est une véritable tradition perpétuée tous les cinq ans.
La campagne électorale mauricienne se place sous le signe de la tradition dans une véritable ambiance festive. Avant les législatives, des centaines d’électeurs procèdent à des meetings avec déguisements, banderoles, oriflammes, vuvuzela et divers instruments de musique et crient haut et fort le nom de leurs candidats. De leur côté, les hommes politiques travaillent dur pour élaborer une bonne stratégie qui ramènera le plus de voix possible.
A chaque campagne correspond un folklore et un lot de déguisement spécifique. Pour ce scrutin 2014 dont le coup d’envoi a été donné le 12 octobre dernier, les deux principaux blocs politiques avaient leur propre programme.
L’alliance PTr-MMM a réuni ses partisans à Quatre-Bornes en se servant d’un super-héros prénommé Avinash. Par ailleurs, Deven, se veut plus original avec une allure ressemblant à celle de l’Oncle Sam mais avec des cœurs mauves et une clef rouge beaucoup plus mis en évidence. "Des agents et moi-même avons commencé à fabriquer les chapeaux pour cet événement en début de semaine. Nous y avons consacré beaucoup de temps", a-t-il confié sur les propos du site defimedia.info. Toujours dans la course aux législatives, Davina Cornet a choisi un style plus jeune en adoptant le face-painting avec un cœur peint sur la joue. À Vacoas, lors du rassemblement de l’alliance Lepep, Nita, toute d’orange vêtue, ne passe pas inaperçue avec son sari, ses bijoux ainsi qu’un chapeau de paille aux couleurs du MSM. "J’ai peint moi-même le chapeau de couleur orange pour l’occasion", explique-t-elle.
Qui dit campagne électorale dit aussi business florissant. "Je suis dans la métallurgie. Vendre des trompettes pendant la campagne me permet d’arrondir mes fins de mois", a annoncé Fakir Mahmode, marchand de ’sorbet râpé’. Ce dernier de rajouter : "je serai présent à chaque meeting, car mes sorbets se vendent bien durant cette période".
Lors de la campagne, le séga est toujours au rendez-vous. Des pistes de danse ont été inventées un peu partout. En revanche, toujours dans cette ambiance de fête, la musique fait partie du programme et "les candidats sont souvent accueillis en fanfare au rythme des tambours et autres instruments musicaux". En effet, la musique et les campagnes électorales sont inséparables et les artistes mettent leur savoir-faire au grand jour afin de remanier et de mettre à jour les tubes qui ont marqué l’histoire de la politique à l’île Maurice.
Dr Pavi Ramhota également sociologue note un grand changement dans les meetings politiques au cours de ces dernières années. "Dans les années 70, la majorité des partisans qui assistaient aux meetings le faisaient par idéologie. Il n’était pas nécessaire de payer pour inciter les gens à se déplacer. De plus, ils achetaient eux-mêmes leur repas et s’arrangeaient pour le transport. Aujourd’hui, certains se rendent aux meetings rien que pour s’amuser ou en attente d’avoir une quelconque faveur", argue-t-il. Il estime que le patriotisme ne représente plus qu’un vain mot aux yeux de nombreux Mauriciens. "Cela s’explique par le fait que nous vivons dans une société individualiste et matérialiste. Il y a aussi une dégradation des mœurs. La consommation et le partage des boissons alcoolisées dans les meetings sont très courants. Nous constatons aussi un changement d’attitude chez la gent féminine de plus en plus présente à ces meetings. Elles n’ont plus de réserve quand il s’agit de danser ou de crier en public", précise le Dr Pavi Ramhota.