La justice russe a décidé mercredi de convoquer un ministre du gouvernement actuel de Vladimir Poutine ainsi qu’un ancien ministre en tant que témoins dans le deuxième procès de l’ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, une petite victoire pour ce dernier.
MOSCOU (AFP) - La justice russe a décidé mercredi de convoquer un ministre du gouvernement actuel de Vladimir Poutine ainsi qu’un ancien ministre en tant que témoins dans le deuxième procès de l’ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, une petite victoire pour ce dernier.
"La décision de lancer des convocations a été prise", a déclaré à l’AFP Vadim Kliouvgant, un des avocats de M. Khodorkovski, qui comparaît depuis mars 2009 pour détournement et revente illégale de pétrole entre 1998 et 2003.
Le ministre russe de l’Industrie, Viktor Khristenko, a été convoqué par le tribunal moscovite Khamovnitcheski pour le 22 juin à la demande de la défense, ce dernier ayant été ministre de l’Industrie et de l’Energie à l’époque des faits.
L’ex-ministre russe du Développement économique, Guerman Gref, en poste lorsque M. Poutine était président, et actuellement patron de la banque Sberbank, a, lui, été convoqué pour le 21 juin.
"C’est la première fois" qu’un ministre en fonction va témoigner, s’est félicité Me. Kliouvgant.
La défense a estimé dans sa requête réclamant la convocation que "M. Khristenko lui-même indiquait où devaient aller les livraisons de pétrole que l’accusation estime volé", car pendant de nombreuses années il dirigeait la commission chargée du transport par oléoduc.
En revanche, le tribunal a refusé de convoquer M. Poutine, ainsi que les vice-Premiers ministres Igor Setchine et Alexeï Koudrine.
Les partisans de M. Khodorkovski, déjà condamné à huit ans de prison en 2005, accusent MM. Poutine et Setchine d’avoir orchestré la chute de M. Khodorkovski, 46 ans, pour l’éloigner de la scène politique. A leur second procès, l’ex-patron de Ioukos et son associé Platon Lebedev risquent plus de 20 ans de prison.
Le détenu le plus célèbre de Russie a par ailleurs annoncé mercredi avoir mis un terme à sa grève de la faim entamée la veille.
Dans une lettre ouverte au président de la Cour suprême, il avait annoncé mardi sa décision de ne plus s’alimenter, jusqu’à ce qu’il obtienne confirmation que le président russe Dmitri Medvedev soit informé de son maintien en détention provisoire malgré de récents amendements législatifs limitant le recours à cette forme d’incarcération.
La nouvelle législation prévoit qu’une personne soupçonnée de certains délits économiques, notamment ceux pour lesquels M. Khodorkovski est poursuivi, ne peut être placée en détention préventive.
"L’objectif de l’appel a été atteint. Je mets un terme à ma grève de la faim", a-t-il indiqué dans un communiqué, le Kremlin ayant fait savoir que le président était informé de la situation.
M. Medvedev avait pris l’initiative de cette réforme pour lutter contre l’incarcération abusive d’hommes d’affaires, les forces de l’ordre ayant recours à cette mesure pour obtenir des pots-de-vin, selon des avocats et des organisations anticorruption.