Le pape Benoît XVI va placer sous contrôle la congrégation des Légionnaires du Christ, dont le fondateur décédé, le prêtre mexicain Marcial Maciel, est accusé d’abus sexuels, en nommant prochainement à sa tête un délégué, a annoncé samedi le Vatican.
CITE DU VATICAN (AFP) - Benoît XVI, confronté aux scandales de pédophilie de la part de prêtres et de religieux en Europe et en Amérique, reprend le contrôle de la congrégation des Légionnaires du Christ dont le fondateur décédé, le prêtre mexicain Marcial Maciel, est accusé d’abus sexuels.
L’Eglise a "la ferme volonté d’accompagner et d’aider" la congrégation "sur le chemin de la purification qui l’attend", et Benoît XVI "indiquera prochainement les modalités de cet accompagnement, à commencer par la nomination d’un délégué", a déclaré samedi le Vatican dans un communiqué.
Le nom du délégué pontifical pourrait être annoncé dans "quelques semaines", a dit à la presse le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, soulignant que "le pape prend cette affaire très au sérieux".
Dans un communiqué publié sur son site, la congrégation a remercié le pape pour sa "paternelle sollicitude" et déclare accueillir les dispositions "dans un esprit de foi profonde et d’obéissance".
Les autres mesures annoncées par le Vatican sont "un rapprochement sincère" avec les "victimes d’abus sexuels et du système de pouvoir mis en place" par le père Maciel, dans et hors l’institution, "une mission d’étude" de ses statuts et une inspection de sa branche laïque "Regnum Christi".
"Les comportements très graves et objectivement immoraux" du père Maciel, "confirmés par des témoignages incontestables, se présentent parfois comme de vrais délits et démontrent une vie sans scrupules ni authentique sentiment religieux", assène le Vatican.
Le père Maciel, qui a dirigé avec poigne jusqu’à sa mort l’organisation catholique ultra-conservatrice fondée en 1941 à Mexico, a eu une fille d’une liaison cachée, dont la congrégation a reconnu l’existence en 2009.
Mort à 87 ans en janvier 2008 aux Etats-Unis, il est également accusé d’abus sexuels par certains de ses autres enfants présumés et huit anciens séminaristes.
Le Vatican souligne aussi que le fondateur avait "créé autour de lui un mécanisme de défense qui l’a rendu inattaquable pendant longtemps", critiquant implicitement la hiérarchie actuelle.
"C’est une mise sous tutelle d’une congrégation dont Jean Paul II avait fait une personne juridique autonome", relève un observateur du Vatican. "L’équipe dirigeante est démise de fait et va devoir se soumettre entièrement", ajoute-t-il, relevant "une reconnaissance factuelle par le Vatican d’un système complètement mafieux".
"La hiérarchie en place n’a pas de futur", lui fait écho le vaticaniste Sandro Magister. En déclarant qu’il faut "redéfinir" l’identité de la congrégation et "revoir l’exercice de l’autorité", le Vatican indique qu’il "faut tout refaire depuis l’extérieur".
Pour lui, le Vatican "dénonce une époque d’occultation" et les décisions annoncées sont "un exemple positif pour montrer comment l’Eglise affronte avec décision le problème réel de la pédophilie".
Elles "entrent dans le cadre de la politique de nettoyage que l’Eglise est en train de mener" face à la vague des scandales des prêtres pédophiles couverts par leur hiérarchie, analyse un autre vaticaniste, Bruno Bartoloni. "On s’attendait à de telles décisions, mais elles ont été communiquées très rapidement", note-t-il.
Le Vatican se montre toutefois soucieux de préserver "un ordre assez efficace", souligne Bruno Bartoloni. Présente dans 22 pays, la congrégation revendique 800 prêtres, 2.500 séminaristes, 70.000 membres laïcs et gère 12 universités.
Elle "doit survivre en dépit des responsabilités de son chef" et le Vatican en reprend la gestion "jusqu’au jour où un nouveau chef pourra reprendre le flambeau", juge-t-il.