L’Italie a fait courir de graves dangers aux immigrants qu’elle a repoussés en 2009 vers d’autres pays, dont la Libye, en mettant leur vie en danger ou en en faisant les victimes potentielles de violations des droits de l’homme, a affirmé jeudi Amnesty International.
ROME (AFP) - L’Italie a fait courir de graves dangers aux immigrants qu’elle a repoussés en 2009 vers d’autres pays, dont la Libye, en mettant leur vie en danger ou en en faisant les victimes potentielles de violations des droits de l’homme, a affirmé jeudi Amnesty International.
L’Italie "a continué à expulser les gens vers des lieux où il y avait un risque de violations des droits de l’homme (la Libye, ndlr) sans tenir compte de leur besoin d’asile et de protection internationale", affirme la section italienne de l’ONG dans son rapport pour 2010 (http://www.amnesty.it/Rapporto-Annuale-2010/Italia).
Selon Amnesty, en Italie les demandes d’asile ont chuté de 31.000 en 2008 à 17.000 en 2009.
L’ONG a aussi accusé "les gouvernements italien et maltais en désaccord sur leurs obligations respectives en matière de sauvetage en mer" d’avoir "laissé les immigrants pendant des jours sans eau ni nourriture, mettant gravement leurs vies en danger".
Les différends territoriaux entre l’Italie et Malte ont "primé sur le sauvetage des vies humaines", a affirmé Amnesty, soulignant qu’en avril 2009 un cargo turc avait dû intervenir pour sauver 140 personnes.
Selon Amnesty, ces personnes, des migrants et demandeurs d’asile ont été laissés pendant quatre jours, sans suffisamment d’eau ni de vivres parce que ni l’Italie ni Malte ne les laissaient entrer dans leurs ports.
Finalement le navire a pu accoster à Lampedusa mais à partir de cette date, Rome a mis en place une politique de refoulement sur la base d’un accord avec la Libye. Ce pays, a rappelé Amnesty, n’a pas signé "la Convention sur les réfugiés et n’a pas de procédure pour les demandes d’asile".
Selon Amnesty, entre mai et septembre 2009, 834 personnes ont été secourues ou interceptées en mer et refoulées vers la Libye, parmi lesquelles des dizaines de femmes dont au moins une enceinte et des enfants.
En avril, le comité européen pour la prévention de la torture a appelé l’Italie à revoir cette pratique des renvois forcés.
Depuis le Venezuela où il est en visite, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, cité par les médias italiens, a rejeté les conclusions du rapport d’Amnesty. Il s’agit d’un "rapport indigne", "l’Italie est certainement le pays européen qui a sauvé le plus de personnes en mer", a-t-il affirmé.