Le nouveau Premier ministre britannique David Cameron, affublé d’une solide étiquette eurosceptique, a réservé à Paris et Berlin ses premiers déplacements à l’étranger, dans une "offensive de charme" destinée à affirmer "l’engagement constructif" de Londres vis-à-vis de l’Union européenne.
LONDRES (AFP) - Le nouveau Premier ministre britannique David Cameron, affublé d’une solide étiquette eurosceptique, a réservé à Paris et Berlin ses premiers déplacements à l’étranger, dans une "offensive de charme" destinée à affirmer "l’engagement constructif" de Londres vis-à-vis de l’Union européenne.
Les entretiens prévues jeudi soir à Paris avec le président Nicolas Sarkozy lors d’un dîner au palais de l’Elysée, et vendredi à Berlin où il sera reçu avec les honneurs militaires par la chancelière Angela Merkel, offriront au Premier ministre l’occasion "de réaffirmer que le Royaume-Uni considère comme une priorité absolue de travailler étroitement avec l’UE", a déclaré à l’AFP un porte-parole du 10, Downing Street.
Cette double visite, qui intervient une semaine seulement après l’installation de David Cameron à la tête d’un gouvernement conservateurs/libéraux-démocrates, permettra de "construire la confiance" avec "deux partenaires européens très importants", a-t-il ajouté.
Le nouveau venu sur la scène européenne a intérêt "à partir du bon pied avec Sarkozy et Merkel", et il fera preuve de "pragmatisme", selon Clara O’Donnell, du Centre pour la réforme européenne de Londres.
La nouvelle coalition britannique - une première depuis la Seconde Guerre mondiale - est de nature à rassurer les partenaires européens de Londres, dans la mesure où elle contraindra les conservateurs au compromis sur un dossier comme l’Europe.
Car autant les conservateurs, et particulièrement le nouveau chef de la diplomatie britannique William Hague, ont multiplié les professions de foi eurosceptiques dans le passé, autant le nouveau vice-président britannique, le Lib Dem Nick Clegg, est un europhile convaincu, pour avoir longtemps travaillé à la commission européenne et siégé au parlement de Strasbourg.
Les discussions à Paris et Berlin porteront notamment sur l’économie internationale et les préparatifs des G8 et G20 fin juin au Canada, a précisé Downing street. Elles viseront surtout à établir la nouvelle relation personnelle souhaitée de part et d’autre.
Tant M. Sarkozy que Mme Merkel avaient manifesté leurs réserves à l’égard du candidat conservateur Cameron, avant les législatives du 6 mai qu’il a remportées. En visite dans la capitale britannique, le président Sarkozy n’avait accordé qu’un bref entretien au chef de l’opposition, "snobé" quinze jours plus tard par Mme Merkel, selon l’expression du quotidien The Guardian.
L’un des principaux griefs à l’encontre des Tories est d’avoir quitté à l’automne l’alliance de centre-droite au parlement européen, afin de rallier un petit bloc anti-fédéraliste avec des partis thèques et polonais.
Depuis lors cependant, M. Cameron a multiplié les signes de rétropédalage, en renonçant notamment à dénoncer le traité de Lisbonne. Il a confié avoir sollicité les conseils de Mme Merkel, une experte du genre, avant de former sa coalition avec les Lib Dems ; il a qualifié de "très chaleureuse" sa première conversation téléphonique avec le président Sarkozy ; il a créé la surprise générale en nommant un "euroréaliste", David Lidington, au secrétariat d’Etat à l’Europe.
En revanche, son gouvernement de coalition s’engage à ne pas adopter l’euro en cours de législature, contrairement à l’ambition à "long terme" des Lib Dems, et stipule que tout nouveau transfert éventuel de pouvoirs vers l’UE sera dorénavant soumis à référendum.
Pour autant, les médias britanniques se sont étonnés du bon accueil réservé mardi à Bruxelles par les ministres des Finances à leur collègue George Osborne, en dépit de son hostilité au projet de régulation des fonds spéculatifs à l’ordre du jour. "Ils s’attendaient à me voir porter une queue ?", tel un diable, s’est amusé l’intéressé, selon le Financial Times.