Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a rendu visite mardi en Sibérie à des familles de 90 mineurs et sauveteurs victimes d’un double coup de grisou samedi dans la plus grande mine de charbon de Russie, alors que les chances de retrouver des survivants sont très minces.
MEJDOURETCHENSK (Russie) (AFP) - Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a rendu visite mardi en Sibérie à des familles de 90 mineurs et sauveteurs victimes d’un drame dans la plus grande mine de charbon de Russie, alors que les chances de retrouver des survivants sont "quasi nulles".
Au moins 52 mineurs et secouristes ont été tués et 38 personnes sont toujours portées disparues après la double explosion survenue dans la nuit de samedi à dimanche à la mine Raspadskaïa, dans le bassin minier du Kouzbass (3.000 km à l’est de Moscou), selon un nouveau bilan de l’antenne locale du ministère des Situations d’urgence.
Arrivé sur les lieux de la catastrophe, M. Poutine, habillé en noir et la voix émue, a assuré aux familles que le gouvernement ferait tout son possible pour les soutenir. Il a aussi rendu visite à des blessés dans un hôpital, selon des images diffusées par la télévision russe.
"La situation est si horrible et si tragique qu’on ne peut trouver aucun mot de condoléances approprié. Je voudrais que vous sachiez que nous partageons cette profonde émotion", a déclaré M. Poutine.
Environ 370 mineurs se trouvaient au fond de la mine lors de la première explosion au méthane. Une deuxième explosion, plus puissante, s’est produite quelques heures plus tard après l’arrivée des premiers sauveteurs.
Le ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, a reconnu qu’il y avait "de moins en moins de chances de retrouver des survivants".
"Tous les professionnels — sauveteurs, mineurs — ont très bien compris que les chances de retrouver des survivants après les deux explosions sont quasi nulles", a renchéri une source proche des opérations en cours, citée par l’agence Interfax.
Un mineur qui a survécu à la catastrophe dans cette usine qui fournit du charbon à coke aux usines métallurgiques de Russie, d’Ukraine, d’Europe de l’Est et d’Asie, s’est montré lui aussi pessimiste.
Les sauveteurs ont "pompé trop tard de l’air dans les galeries. Maintenant ils ne retrouveront que des corps", a-t-il déclaré à la radio Echo de Moscou.
Les opérations de secours se poursuivaient tous azimuts mardi, tandis que les premiers enterrements de victimes ont eu lieu.
Selon le ministère des Situations d’urgence, 84 personnes ont par ailleurs été blessées par les explosions et les disparus se trouvent à 490 mètres de profondeur, dans cette mine totalisant plus de 400 kilomètres de tunnels, soit un réseau plus important que celui du métro de Moscou.
"J’ai demandé à ce qu’on mène une enquête dans les moindres détails sur les causes de cet accident et les agissements de tous les responsables", a déclaré M. Poutine.
Le parquet général a ouvert une enquête pénale pour "violation des règles de sécurité" et le chef du comité d’enquête, Alexandre Bastrykine, s’est rendu mardi sur les lieux du drame à la demande de M. Poutine.
Il s’agit de la deuxième catastrophe minière la plus meurtrière dans la Russie post-soviétique, après une explosion survenue en mars 2007 dans une autre mine de cette région, qui avait fait 108 morts.
Les accidents mortels dans les mines de Russie, comme ailleurs en ex-URSS, sont assez courants, en raison de la vétusté des infrastructures et des violations des règles de sécurité.
Inaugurée en 1973, la mine de Raspadskaïa appartient à 40% au groupe Evraz, contrôlé par le milliardaire russe Roman Abramovitch.
Autre conséquence de l’accident, l’action "Rapadskaïa" s’est effondrée de 15% à la Bourse de Moscou peu après l’ouverture de la séance mardi, au lendemain d’un jour férié.