La circoncision d’un enfant pour des motifs religieux constitue une blessure corporelle passible d’une condamnation, selon la justice allemande qui provoque un tollé dans le pays.
Le tribunal de grande instance de Cologne a rendu mardi un jugement historique qui devrait faire jurisprudence. Un communiqué parvenu à la presse fait valoir le fait que "le corps d’un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision".
"Cette modification est contraire à l’intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui même de son appartenance religieuse", poursuit ce jugement qui n’interdit pas cet acte pour des raisons médicales.
"Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents", insiste le tribunal, qui appelle les parents à ne pas outrepasser leurs droits en matière d’éducation et de liberté religieuse. Ils sont tenus d’attendre que l’enfant soit en mesure de décider et de reconnaître une circoncision comme un "signe visible d’appartenance à l’islam".
Aussitôt rendue publique, la décision du TGI de Cologne a provoqué le tollé des communautés juive et musulmane du pays. Dans un communiqué officiel, le Conseil central des juifs d’Allemagne a vivement protesté contre "une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses".
"La circoncision des nouveaux nés garçons est un élément essentiel de la religion juive et est pratiquée depuis des milliers d’années partout dans le monde", martèle le président du Conseil, Dieter Graumann, qui dénonce une atteinte à la liberté religieuse.
Même récrimination du côté de la communauté musulmane, qui compte plus de 4 millions de membres en Allemagne. Toutefois, aucune réaction formelle n’est disponible dans l’immédiat.
Cette décision judiciaire est "extrêmement importante pour les médecins car ils ont pour la première fois une base légale sur laquelle s’appuyer", commente un expert en droit, Holm Putzke, dans les colonnes du Financial Times Deutschland (FTD).
"Aucun médecin ne pourra plus à l’avenir prétendre avoir cru qu’il devait circoncire un enfant pas encore en âge de décider pour des raisons religieuses", poursuit ce professeur de l’Université de Passau (Sud) qui voit dans ce jugement une "césure".
Appelé à statuer sur le cas d’un médecin généraliste qui avait circoncis un petit garçon de 4 ans à la demande de ses parents musulmans, le tribunal de grande instance de Cologne a décidé de se prononcer mardi 26 juin 2012. "L’erreur (du médecin) était inévitable", fait valoir l’énoncé du verdict.
Il semblerait que l’enfant a dû être admis aux urgences pour des saignements, quelques jours après sa circoncision. Le parquet de la ville a pris l’affaire en main et a engagé des poursuites contre le médecin. Mais celui-ci a été relaxé en première instance puis en appel. Motif invoqué : la justice, à l’époque des faits, n’était pas en mesure de déterminer s’il avait agi illégalement.