Il aura fallu attendre plus de 36 heures avant que Daesh ne revendique l’attentat survenu à Nice lors des festivités du 14 juillet. Les spécialistes de l’Etat islamique y voient un changement dans le mode opératoire des terroristes
A l’effroi causé par le nombre de morts et de blessés de l’attentat de Nice s’ajoute celui de se dire qu’un tel acte est facilement reproductible. Il a suffi au tueur de louer un camion et de s’élancer sur la foule. Ce mode d’action, sans préparation particulière, est prôné par le groupe Etat islamique depuis des mois. En septembre 2014, le porte-parole de l’organisation terroriste exhortait ses sympathisants à travers le monde à tuer des Occidentaux par n’importe quel moyen. "Débrouillez-vous pour vous retrouver seul avec un infidèle français ou un Américain. Renversez-le avec votre voiture", avait-il déclaré.
Dès octobre 2014, à Montréal, un apprenti djhadiste fonçait sur trois militaires canadiens, en tuant un. Au mois de décembre suivant, un homme lançait son véhicule sur une foule à Dijon en hurlant "Allah Akbar", faisant 13 blessés. À l’époque, le procureur n’avait pas retenu la qualification d’acte terroriste à cause des antécédents psychiatrique de l’auteur. Le mois dernier, c’était avec un simple couteau qu’un djihadiste avait égorgé deux fonctionnaires de police à leur domicile de Magnanville, en banlieue parisienne. Plus récemment, à Orlando, en Floride, il y a un mois, un homme ouvrait le feu dans une discothèque faisant 49 victimes. Il avait fait allégeance à Daesh pendant la tuerie.
Un homme seul, sans soutien logistique, qui sème la terreur. C’est un mode d’action de plus en plus courant. "On peut se dire que là ils ont trouvé un mode opératoire qui ne sacrifie qu’une seule personne et qui fait un maximum de dégâts", a indiqué Régis Le Sommier, directeur adjoint de la rédaction de Paris Match. Un mode de revendication jugé crédible par des spécialistes. C’est déjà par ce biais que l’organisation terroriste avait revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris. Pourtant les enquêteurs n’ont pas retrouvé de preuve attestant que Mohamed Lahouaiej Bouhlel ait prêté allégeance à Daesh.