Face aux dernières tragédies de l’immigration en mer Méditerranée, l’Europe se mobilise. Allant de la surveillance à l’accueil et au reflux des migrants, les solutions de l’UE sont nombreuses.
Avec le naufrage du chalutier de dimanche faisant 800 morts et le bateau qui a sombré ce lundi avec 300 personnes à bord ainsi que différents naufrages qui se sont succédé dernièrement, l’Union Européenne fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité. Un Conseil européen extraordinaire se tiendra jeudi afin de dresser le plan d’action à mettre en œuvre. Si Matteo Renzi a écarté l’envoi de troupes en Libye, les chancelleries ont relevé des solutions possibles.
Stabilisation de la Libye
Sachant que la Libye représente la plaque tournante du trafic où 93% des migrants y prennent l’embarcation, la lutte contre les passeurs devient impossible en raison des deux gouvernements qui s’affrontent. Le plus important est donc la formation à Tripoli d’un gouvernement d’unité nationale. Toujours dans cette perspective, la surveillance des frontières libyennes avec le Soudan, l’Égypte, le Tchad et le Niger doit être renforcée à la demande d’un gouvernement unifié. Alors que les catastrophes en mer provoquent l’indignation internationale, les migrants viennent en majorité de l’Afrique subsaharienne, et leur périple ne débute pas sur les côtes libyennes.
Renforcer les systèmes Frontex et Eurosur
Frontex, créé en 2004, doit permettre au système européen d’assurer la surveillance des frontières. Par ailleurs, Eurosur vise à diminuer l’immigration clandestine, lutter contre la criminalité transfrontalière et assurer la protection et le sauvetage des migrants en mer. Elle se charge en priorité de surveiller les frontières en Méditerranée. Bien que les moyens de ces agences aient augmenté, ils ne disposent pas, aux yeux de certains responsables politiques, d’un budget de fonctionnement suffisant. Celui de Frontex s’élève actuellement à 114 millions d’euros et Bruxelles proposerait de l’augmenter encore. Eurosur dispose, lui, d’un budget de 224 millions d’euros pour la période 2014-2020.
Surveillance plutôt que secours
L’expérience prouve que les immigrés, paniqués avec l’arrivée des secours, se ruent d’un bord à l’autre de leur épave flottante, provoquant ainsi le naufrage comme c’est le cas de la dernière catastrophe tuant 800 personnes. Le secours en mer constitue donc une mesure d’urgence qui ne permet pas d’éviter tous les drames. Ainsi, la surveillance doit être la clé en main par des échanges de données pour la capture des trafiquants par exemple. Sachant que les passeurs sont connus des services de police, leurs réseaux disposent de complices en Italie et en Europe du Nord. Les arrestations en Sicile, dans la nuit de lundi à mardi, d’une dizaine de membres de son organisation illustrent qu’Interpol peut intervenir dans la lutte contre le trafic. Toujours en termes de surveillance, l’instauration dans les pays de départ de canaux d’immigration contrôlés et sécurisés peut être envisageable.