Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a estimé dimanche que la situation était "normale" dans le pays après avoir la veille levé le couvre-feu nocturne et appelé à "reconstruire le pacte social et économique" entre le peuple et le gouvernement.
BANGKOK (AFP) - Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a estimé dimanche que la situation était "normale" dans le pays après avoir la veille levé le couvre-feu nocturne et appelé à "reconstruire le pacte social et économique" entre le peuple et le gouvernement.
Alors que la vie a repris son cours cette semaine dans la capitale thaïlandaise, les habitants de Bangkok ont pu enfin profiter jusqu’à l’aube des rues de leur ville. "La situation était normale, la nuit dernière", a estimé le Premier ministre dans son adresse hebdomadaire télévisée à la nation.
Le couvre-feu nocturne avait été imposé le 19 mai à Bangkok et dans 23 provinces après l’assaut lancé par l’armée contre les manifestants antigouvernementaux qui occupaient depuis des semaines le centre de la capitale. L’opération avait été suivie d’émeutes et d’incendies.
Le gouvernement a cependant maintenu l’état d’urgence en vigueur depuis le 7 avril. "Les autorités vont (...) ouvrir l’oeil et, ensuite, nous envisagerons de lever l’état d’urgence", a poursuivi Abhisit. Cette mesure d’exception interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes et permet aux forces de l’ordre de procéder à des arrestations sans mandat de la justice.
Entre le début des manifestations des "chemises rouges" mi-mars et leur dispersion par la force, au moins 88 personnes ont été tuées et près de 1.900 blessées.
Les manifestants réclamaient le départ d’Abhisit, qui peut théoriquement rester à son poste jusqu’à fin 2011, et l’organisation de législatives anticipées.
Samedi, le Premier ministre a annoncé qu’il serait "difficile" d’organiser des élections avant la fin de l’année, tout en n’excluant pas un scrutin anticipé.
S’adressant le même jour aux ambassadeurs en poste à Bangkok, il a estimé "très improbable" un scrutin le 14 novembre, date qu’il avait proposée début mai.
Dans le même temps, le chef du gouvernement a réitéré son appel à la réconciliation des Thaïlandais dont la crise a révélé à quel point ils sont divisés, selon ses propos retransmis dimanche par la télévision.
La Thaïlande doit "reconstruire le pacte social et économique entre le peuple et le gouvernement", a-t-il dit. "Peu importe ses positions politiques, je reste certain que notre peuple est pacifique et modéré et qu’il a été assommé et consterné" par les événements.
Les "chemises rouges", masses rurales et classes populaires des environs de la capitale s’estiment méprisées et privées des fruits de la croissance par les élites de Bangkok que symbolise, selon elles, le Premier ministre. Elles réclament le retour à l’ordre constitutionnel qui prévalait avant le putsch ayant renversé en 2006 l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.
Abhisit s’est dit certain que la crise actuelle pouvait être résolue sans coup d’Etat militaire. "Manifestement, cette fois-ci, je pense que tout le monde est convaincu que la situation doit et peut être résolue par la voie parlementaire et démocratique".
Dès lundi, les partis d’opposition doivent débattre au Parlement d’une motion de censure contre Abhisit, concernant l’assaut de l’armée et son Parti démocrate (PD) accusé d’avoir bénéficié d’une donation illégale en 2005.
Le Premier ministre a plusieurs fois défendu cet assaut mené pour déloger les "rouges" du centre commercial de la capitale, alors que des voix ont exprimé leur inquiétude devant le comportement des forces de l’ordre. "Je peux dire que lorsque nous avons pris ce carrefour de Ratchaprasong, nous avons rendu Bangkok au peuple", a-t-il dit aux ambassadeurs.