Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a promis jeudi que la dissolution de la chambre basse interviendrait entre le 15 et le 30 septembre, rendant ainsi possible l’organisation d’élections à la mi-novembre.
BANGKOK (AFP) - Le Premier ministre thaïlandais a promis jeudi une dissolution de la chambre basse du Parlement entre le 15 et le 30 septembre, ouvrant la voie à des élections anticipées dans l’espoir de vaincre la méfiance des opposants qui continuent d’occuper le centre de Bangkok.
La tension est retombée depuis que les "chemises rouges" antigouvernementales ont accepté le plan de sortie de crise d’Abhisit Vejjajiva qui promet des législatives le 14 novembre.
Mais des années d’instabilité, deux mois de manifestations et plusieurs éruptions de violence ayant fait 27 morts et près de 1.000 blessés rendaient compliquée la conclusion des négociations entre Abhisit et les leaders de l’opposition.
Les manifestants ont assuré qu’ils ne démonteraient les barricades dans le centre-ville qu’une fois précisée la date de la dissolution, censée intervenir entre 45 et 60 jours avant le scrutin. Abhisit a confirmé que ce délai serait respecté, soit entre le 15 et le 30 septembre. "Tout le monde peut calculer la date", a-t-il indiqué sans autre détail.
Mais l’atmosphère à Bangkok peinait à se relâcher tout à fait. Les leaders des "chemises rouges" exprimaient un certain optimisme depuis 24 heures sur une issue rapide de la crise. Mais ils ont réitéré leur défiance profonde à l’égard de la majorité parlementaire. Weng Tojirakarn a ainsi considéré que les Démocrates (au pouvoir) avaient manqué à leurs promesses par le passé. "Cela ne veut pas dire que nous ne rejoindrons pas la feuille de route vers la réconciliation. Nous avons pris cette résolution par consensus et nous y participerons", a-t-il assuré.
"Mais nous ne faisons confiance ni aux Démocrates, ni à Abhisit".
Le Parti démocrate (PD), que préside le Premier ministre, a réuni ses députés pour débattre de la situation, avertissant les manifestants que les élections pourraient être remises en cause s’ils ne quittaient pas la capitale, toujours soumise à l’état d’urgence.
"S’ils continuent leur rassemblement, il est possible que le Premier ministre ne dissolve pas la chambre", a menacé Warong Dechkitvigrom, porte-parole du PD. "La feuille de route n’est pas conçue pour les +rouges+ et le gouvernement mais pour tout le peuple thaïlandais. Il n’y a plus de discussions".
Abhisit, qui a accédé au pouvoir fin 2008 après des décisions de justice et un renversement d’alliances parlementaires, aurait pu en théorie rester en poste jusqu’à la fin de l’actuelle législature, fin 2011.
Mais les "rouges", dont beaucoup se revendiquent de l’ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, ont réuni jusqu’à 100.000 personnes dans les rues de Bangkok mi-mars. Ils ont ensuite dressé des barricades de bambous et de pneus imprégnés de liquides inflammables autour d’un vaste quartier touristique et commerçant de la capitale, paralysant l’activité.
Des mandats d’arrêt ont été émis contre plusieurs cadres du mouvement qui pousse pour obtenir leur amnistie. Une hypothèse officiellement rejetée par les Démocrates. "Les leaders doivent se rendre ou être arrêtés", a assuré leur porte-parole.
Malgré le rapprochement des positions, la défiance l’emportait toujours. L’un des cadres "rouges", Nattawut Saikuar, a critiqué des membres du pouvoir, notamment de l’armée, qui menaçaient d’utiliser la force s’ils ne se dispersaient pas. "Si nous avions peur de vous, nous ne serions pas restés ici pendant plus de 50 jours", a-t-il ironisé.