Le Premier ministre thaïlandais a indiqué lundi préparer une "feuille de route" pour sortir de la crise politique, alors que les manifestants qui exigent sa démission entamaient leur huitième semaine de lutte au coeur de la capitale.
BANGKOK (AFP) - Le Premier ministre thaïlandais a indiqué lundi préparer une "feuille de route" pour sortir de la crise politique, alors que les manifestants qui exigent sa démission entamaient leur huitième semaine de lutte au coeur de la capitale.
"Je vais présenter une solution politique ou une feuille de route", a déclaré Abhisit dans un discours aux sénateurs du pays. "Nous devons écouter (tout le monde), et non seulement le gouvernement, le monde politique, les manifestants ou ceux qui sont opposés à leur mouvement", a-t-il ajouté.
Les "chemises rouges", qui manifestent depuis la mi-mars, se sont retranchées dans un vaste quartier du centre-ville derrière d’immenses barricades de pneus et de bambous aiguisés, destinées à les protéger d’un éventuel assaut des forces de l’ordre.
Le pouvoir a réitéré sa volonté de reprendre la zone, si nécessaire par la force. L’armée a même précisé que des véhicules blindés seraient mobilisés. Le ton du gouvernement est cependant nettement plus conciliant que la semaine passée.
Les violences ont déjà fait 27 morts et près de 1.000 blessés, dans la plus grave crise qu’ait connue la Thaïlande depuis 1992 et le pays redoute une nouvelle flambée de violences si une forme de dialogue ne reprend pas.
Mais un calme précaire est revenu à Bangkok depuis la maladroite intrusion des manifestants, jeudi, dans un des plus grands hôpitaux de la capitale.
L’opération, qui visait à démasquer d’hypothétiques forces de l’ordre, a forcé les cadres de l’opposition à présenter leurs excuses et suscité une avalanche de réprobations.
Aucun calendrier n’a été publié sur le projet d’Abhisit. Suthep Thaugsuban, vice-Premier ministre, a refusé d’indiquer s’il serait présenté avant ou après un éventuel coup de force de l’armée pour reprendre le centre-ville.
Mais "les détails de la feuille de route montreront les intentions du gouvernement de permettre aux habitants de ce pays de vivre en paix et de se réconcilier", a estimé Suthep, précisant qu’elle rechercherait le soutien de toutes les forces du pays.
Les "chemises rouges", au départ majoritairement issues des zones rurales du nord et du nord-est du pays, accusent Abhisit de servir les élites traditionnelles de Bangkok - palais royal, magistrats, fonctionnaires, hommes d’affaires - dont elles se sentent méprisées.
Elles réclament un meilleur partage du pouvoir, une répartition plus juste des fruits de la croissance et un retour à l’ordre constitutionnel qui prévalait avant le coup d’Etat de 2006 contre Thaksin Shinawatra, icône de nombreux manifestants et aujourd’hui en exil.
Samedi, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), basé à Bruxelles, a estimé que la crise risquait de dégénérer en "guerre civile latente", préconisant des négociations avec l’aide de personnalités extérieures.
Le gouvernement a aussi insisté lundi sur la distinction entre les manifestants et ce qu’il appelle les "terroristes", accusés d’en vouloir à la monarchie.
"Des terroristes se cachent parmi les manifestants (...). Ils ont pour objectif un changement politique en Thaïlande", a expliqué Suthep. "Ils visent la monarchie. Il y a des preuves, des témoins".