Une Commission d’enquête de l’ONU a accusé les forces gouvernementales syriennes et leur milice des Chabbiha d’avoir commis des crimes contre l’humanité en Syrie.
Dans un rapport de 102 pages diffusé mercredi à Genève, la Commission d’enquête de l’ONU dénonce pour la première fois des "crimes contre l’humanité de meurtre et torture, crimes de guerre et violations flagrantes des droits de l’homme et des lois humanitaires" perpétrés, selon elle, par les forces gouvernementales et les milices Chabbiha.
La Commission a annoncé qu’elle allait déposer en septembre auprès du Haut Commissaire aux droits de l’homme une liste confidentielle de responsables, ce qui devrait ouvrir la voie à d’éventuelles poursuites internationales, notamment devant la Cour Pénale Internationale (CPI).
Il s’agira d’"une liste confidentielle d’individus et d’unités, considérés comme responsables de crimes contre l’humanité, violation des lois humanitaires et de violations flagrantes des droits de l’homme", a-t-on expliqué.
La Commission, dirigée par Paulo Sergio Pinheiro, a basé ses conclusions notamment sur le massacre de Houla, le 25 mai, qui avait fait 108 morts dont 49 enfants. Les forces gouvernementales et les miliciens pro Bachar Al- Assad sont directement mis en cause par la Commission pour ce massacre de civils, le plus grave enregistré en Syrie depuis le début du conflit.
Le rapport de l’ONU dénonce également des "meurtres illégaux, des attaques indiscriminées contre les populations civiles et des actes de violence sexuelle". "Ces violations ont été commises dans le cadre de la politique de l’Etat ce qui indique l’implication des plus hauts niveaux des forces armées et de sécurité et du gouvernement", fustige le document.
Par ailleurs, les forces de l’opposition ont également été mises à l’index pour "des crimes de guerre, incluant des meurtres, des assassinats extra judiciaires et des tortures ont été commis par les groupes armés anti-gouvernement. Toutefois ces violations et abus n’étaient pas de la même gravité, fréquence et échelle que ceux commis par les forces gouvernementales et les Chabbiha".
La Commission exprime ses craintes face à une "détérioration significative de la situation (en Syrie) depuis le 15 février", avec le recours à "des tactiques plus brutales et à de nouvelles capacités militaires" par les deux forces pro et anti-régime.
Le rapport établi par la Commission onusienne s’appuie sur quelque 693 entretiens réalisés depuis février auprès des acteurs et victimes du conflit. Cependant, la descente sur terrain étant rendue impossible ces derniers temps, plusieurs entretiens ont dû être menés à distance depuis Genève.
Depuis mars 2011, le conflit syrien a fait plus de 20.028 morts, dont 13.978 civils, 5.082 membres de l’armée et des services de sécurité et 968 déserteurs, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH).