Les Philippins votaient lundi pour désigner le successeur de la présidente Gloria Arroyo, avec, en position de favori, Benigno Aquino, héritier d’une dynastie politique respectée, sur fond de violences et de craintes de fraudes électorales.
MANILLE (AFP) - Les Philippins votaient lundi pour désigner le successeur de la présidente Gloria Arroyo, avec, en position de favori, Benigno Aquino, héritier d’une dynastie politique respectée, sur fond de violences et de craintes de fraudes électorales.
Les 50 millions de Philippins convoqués aux urnes pour ces élections générales vont tourner la page d’une décennie présidentielle ternie par les allégations de corruption qui ont visé Mme Arroyo.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (23H00 GMT dimanche) et doivent fermer à 18H00 locales, après une participation attendue de quelque 85% des inscrits. Le nom du vainqueur pourrait être connu dans la soirée.
"L’aube est proche... le peuple a soif d’un nouveau leadership", a déclaré Benigno Aquino, un célibataire de 50 ans, lors de son dernier meeting électoral.
"Noynoy" (petit garçon) Aquino est le fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino et de son mari Benigno "Ninoy" Aquino, assassiné à son retour d’exil, tout deux révérés pour avoir conduit le rétablissement de la démocratie aux Philippines dans les années 1980, après la dictature de Ferdinand Marcos.
Ses deux principaux rivaux sont l’ex-président Joseph Estrada renversé en 2001 puis gracié en 2007 après une condamnation à la réclusion à perpétuité pour corruption, et Manuel Villar, sénateur d’opposition et magnat de l’immobilier.
Le futur président philippin sera élu à l’issue d’un unique tour de scrutin à la majorité simple.
Les derniers sondages donnaient M. Aquino vainqueur par un score compris entre 39% et 42%. "Erap" Estrada, vainqueur en 1998 avec 39% des suffrages, est le président le mieux élu de l’histoire de cet immense archipel de 90 millions d’habitants.
Les électeurs doivent également renouveler les 250 membres du Congrès (chambre basse), 12 des 24 sénateurs, 80 gouverneurs de provinces et plus de 17.000 élus locaux.
Plusieurs personnalités tenteront de décrocher un siège au Congrès, dont le boxeur Manny Pacquiao, considéré comme le meilleur boxeur du monde, l’ancienne Première dame Imelda Marcos ou encore la présidente sortante Gloria Arroyo.
Les élections générales sont traditionnellement l’occasion de sanglantes violences dans ce pays surarmé où les politiciens locaux entretiennent des milices privées.
Quatre personnes ont été tuées lundi matin dans le sud de l’archipel, dont le cousin du vice-gouverneur de la province de Cotabato du Nord, dans deux incidents distincts liés aux élections.
Le vote se tient malgré un sérieux incident qui a terni la fin de la campagne. Des problèmes techniques sont apparus sur les cartes mémoire des machines de vote électronique utilisées pour la première fois dans le pays.
Lundi matin, certaines machines étaient inutilisables, provoquant la formation de longues queues à l’extérieur des bureaux de vote.
M. Aquino, inscrit dans son fiel de Tarlac, au nord de Manille, n’a pu immédiatement voter.
"J’espère que ce n’est qu’un incident isolé. Nous attendons des informations...mais si les électeurs ne peuvent pas s’exprimer à cause de machines défecteuses, cela pose un vrai problème", a-t-il déclaré.
M. Aquino, comme les autres candidats, craint que ce vote électronique, visant à réduire une fraude endémique dans l’archipel, ne se solde par un échec, laissant peser un doute sur la fiabilité des décomptes.