Une nouvelle génération de bactéries qui résistent à quasiment tous les antibiotiques connus sévirait actuellement dans la région de l’Inde et du Pakistan.
En effet, cette superbactérie produirait la New Delhi metallo bêta lactamase (NDM-1), un enzyme qui serait responsable de la résistance de certaines bactéries à tous les antibiotiques, notamment les carbapénèmes qui sont à ce jour les antibiotiques de dernier recours pour les bactéries multirésistantes. Des chercheurs avaient identifié pour la première fois ce type de bactérie en 2009 chez un patient suédois hospitalisé en Inde. D’après une étude publiée cette semaine par la revue médicale britannique The Lancet Infectious Diseases, on en a découvert sur 37 patients anglais, dont certains ont voyagé en Inde ou au Pakistan pour une chirurgie esthétique. Cette nouvelle génération concerne actuellement la bactérie intestinale Escherichia coli, responsable de gastro-entérites et d’infections urinaires, et la bactérie Klebsiella pneumoniae à l’origine de certaines infections respiratoires.
Les scientifiques qui ont effectué l’étude craignent alors que cette nouvelle génération de bactéries ne provoque un problème de santé majeur au niveau mondial. Interrogé par Le Monde, Patrice Nordmann, chef du service de bactériologie-virologie-parasitologie de l’hôpital Bicêtre et directeur de l’unité Inserm "Résistances émergentes aux antibiotiques", partage cet avis. Toutefois, il indique que la France est moins exposée que la Grande Bretagne, l’article paru dans The Lancet évoquant le rôle du tourisme médical dans sa propagation dans le monde. "Pour la chirurgie esthétique, les patients vivant en Grande-Bretagne vont se faire opérer en Inde ou au Pakistan en raison d’un coût et de délais d’attente moindres que chez eux. Les Français vont beaucoup plus volontiers au Maroc ou en Tunisie, qui ne semblent pas touchés pour l’instant", explique Patrice Nordmann qui a indiqué que les bactéries ont jusqu’ici comme réservoir le sous-continent indien. Pour l’heure, un seul cas a été isolé en France par le laboratoire Inserm. Ainsi des mesures seront prises dans les prochains jours. "Le ministère français de la santé devrait très vite annoncer que toutes les personnes hospitalisées à l’étranger, y compris aux Etats-Unis, et rapatriées dans un hôpital français, soit de 10 000 à 20 000 personnes par an, seront testées", informe le professeur.