La Corée du Nord a dénoncé jeudi un accord visant à prévenir toute confrontation armée avec la Corée du Sud, dans un contexte de crise aiguë provoquée par le naufrage d’une corvette sud-coréenne coulée, selon une enquête, par une torpille nord-coréenne.
SEOUL (AFP) - La Corée du Nord a dénoncé jeudi un accord visant à prévenir toute confrontation armée avec la Corée du Sud, dans un contexte de crise aiguë provoquée par le naufrage d’une corvette sud-coréenne coulée, selon une enquête, par une torpille nord-coréenne.
Le chef d’état-major nord-coréen a également prévenu d’une attaque immédiate si la Corée du Sud violait la frontière intercoréenne en mer Jaune, a indiqué l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Dans le même temps, quelque 10.000 manifestants, dont des anciens combattants, ont crié vengeance dans les rues de Séoul après la mort des 46 marins du Cheonan, ce navire de guerre coulé fin mars.
"A mort Kim Jong-Il", ont lancé les manifestants, s’en prenant au tout puissant numéro un nord-coréen, fils et successeur du fondateur en 1948 de la République populaire démocratique de Corée, Kim Il-Sung.
Cette nouvelle crise entre les deux frères ennemis, séparés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53), a été déclenchée par la publication la semaine dernière des résultats d’une enquête internationale mettant directement en cause le Nord.
Les Etats-Unis ont apporté leur soutien à Séoul qui compte réclamer du Conseil de sécurité de l’ONU de nouvelles sanctions contre Pyongyang, estimant qu’à la lumière de l’enquête internationale, la Chine et la Russie, jusque là sur la réserve, ne pourront nier les faits.
La diplomatie russe a cependant jugé jeudi que le dossier impliquant la Corée du Nord ne pouvait être transmis au Conseil de sécurité sans "preuves à 100%".
Moscou a également annoncé l’envoi en Corée du Sud d’une équipe d’experts russes pour se pencher sur les résultats de l’enquête.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao est attendu vendredi à Séoul. Selon un diplomate qui accompagnait la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton mercredi à Séoul, cette visite pourrait amorcer un rapprochement de Pékin vers la position sud-coréenne.
Jeudi, alors que la guerre des communiqués se poursuivait, l’armée nord-coréenne a annoncé qu’elle "dénonçait totalement" un accord avec le Sud visant à "prévenir des accrochages" en mer Jaune.
La mer Jaune, sur la côte occidentale de la péninsule coréenne, a été le théâtre de plusieurs incidents meurtriers entre les marines nord et sud-coréennes, notamment en 1999 et 2002.
Le Nord a également indiqué qu’il ne garantissait plus la sécurité des Sud-Coréens se rendant au Nord et envisageait de couper complètement l’accès au complexe industriel de Kaesong, financé par Séoul, et situé au nord de la frontière.
"Nous allons lever toutes les mesures se sécurité que notre armée est censée garantir dans le cadre de la coopération et des échanges intercoréens", a indiqué l’armée nord-coréenne dans un communiqué diffusé par KCNA.
Censé symboliser le rapprochement entre les deux Corées, le parc industriel de Kaesong, ouvert en 2005 et dont le fonctionnement a été largement entravé ces derniers mois par les tensions bilatérales, emploie près de 42.000 Nord-Coréens travaillant pour le compte de 110 sociétés du Sud qui génèrent chaque mois des millions de dollars en biens manufacturés (habits, chaussures, sacs, ustensiles de cuisine etc.).
Le régime communiste a également de nouveau menacé de tirer sur les hauts-parleurs installés côté sud-coréen et qui diffusent des messages de propagande dirigés contre le Nord. Le Sud a déjà repris la diffusion radiophonique en FM de ces messages.
La marine sud-coréenne a effectué jeudi un exercice anti-sous-marin, a annoncé l’agence sud-coréenne Yonhap.
Cette démonstration de force, la première côté Sud depuis le naufrage du Cheonan, a impliqué 10 navires, dont un destroyer de 3.000 tonnes et trois patrouilleurs, selon des responsables militaires.