Une personne a été tuée et près de 60 blessées dans des affrontements vendredi dans le sud du Kirghizstan entre les partisans et les opposants du gouvernement intérimaire, plongeant de nouveau dans le chaos ce pays d’Asie centrale un mois après une révolution sanglante.
BICHKEK (AFP) - Une personne a été tuée et près de 60 blessées dans des affrontements vendredi dans le sud du Kirghizstan entre les partisans et les opposants du gouvernement intérimaire, plongeant de nouveau dans le chaos ce pays d’Asie centrale un mois après une révolution sanglante.
Des tirs ont retenti des deux côtés et des pierres ont été jetées à Djalal-Abad, bastion du président déchu Kourmanbek Bakiev, au cours d’accrochages auxquels ont participé quelque 5.000 personnes.
A Djalal-Abad, une personne a été tuée et 59 blessées, dont 26 par balles, a indiqué vendredi soir le ministère de la Santé.
Pour sa part, un médecin de l’hôpital régional de Djalal-Abad a déclaré à l’AFP que trois personnes avaient été tuées, tandis qu’une porte-parole du comité de soutien à M. Bakiev, Djanara Moldokoulova, a fait état de huit morts.
Des partisans du président déchu - des femmes pour la plupart - avaient pris jeudi le contrôle des administrations régionales de Djalal-Abad, Och et de Batken, les trois régions du sud du pays.
Vendredi, les partisans du gouvernement intérimaire ont repris le contrôle de l’administration régionale de Djalal-Abad, a indiqué le service de presse du gouvernement.
Mme Moldokoulova a déclaré à l’AFP que quelque 1.500 personnes avaient pris part aux protestations à Djalal-Abad.
A Och, autre grande ville du sud, une bagarre a éclaté entre 400 partisans du gouvernement intérimaire et ceux de M. Bakiev. Le gouvernement intérimaire y a aussi repris vendredi le contrôle de l’administration régionale.
Ces événements surviennent alors que le Kirghizstan a été le théâtre d’une révolution sanglante en avril à Bichkek, la capitale, qui a fait 86 morts.
Les Etats-Unis, qui disposent dans ce pays d’une base aérienne essentielle au déploiement des troupes en Afghanistan, ont fait part de leur "inquiétude" après ce regain de violences.
"L’ambassade des Etats-Unis est inquiète à la suite des informations sur les tirs et autres violences", indique un communiqué, qui appelle les parties en conflit à "ne pas avoir recours à la violence".
La Russie, qui soutient les autorités intérimaires, dispose elle aussi d’une base militaire dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective (ODKB) menée par Moscou.
L’envoyé spécial du Kremlin pour le Kirghizstan Vladimir Rouchaïlo, nommé la veille, s’est rendu vendredi à Bichkek, où il a eu des entretiens avec le chef du gouvernement intérimaire Rosa Otounbaïeva.
"Notre objectif est d’aider le Kirghizstan sous tous les aspects", a déclaré M. Rouchaïlo.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a toutefois assuré devant la presse que la Russie ne "devait pas intervenir" dans les affaires kirghizes.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé "tous les acteurs politiques, au sein du gouvernement provisoire comme à l’extérieur", à "tout faire pour calmer la situation et (à) ne pas contribuer à une escalade en organisant des démonstrations de force".
Le regain de tension est un test pour le nouveau régime, dont l’arrivée au pouvoir avait dès le début suscité la méfiance dans le sud, terre natale de Kourmanbek Bakiev, désormais exilé au Bélarus.
"Les adversaires du nouveau pouvoir ne veulent pas reconnaître que les habitants de toutes les régions sans exception au Kirghizstan ne veulent plus de l’ancien régime corrompu", a déclaré Mme Otounbaïeva dans un communiqué.
Elle a affirmé que les tirs étaient le fait de partisans de M. Bakiev.
Rosa Otounbaïeva a indiqué que plusieurs partisans de M. Bakiev, dont l’ancien chef de l’administration présidentielle, avaient été arrêtés.
Kourmanbek Bakiev avait lui-même été porté au pouvoir en mars 2005 par une révolution qui avait débuté dans le sud avant de remonter sur Bichkek. Mais au cours de sa présidence rocambolesque, il avait renoué avec les dérives du régime autoritaire et clientéliste qu’il avait renversé.