Les autorités irakiennes ont annoncé samedi que des policiers accusés de s’être acharnés sur la dépouille d’un kamikaze en 2007 seraient traduits en justice, après la diffusion en boucle à la télévision d’images particulièrement atroces de la scène.
BAGDAD (AFP) - Les autorités irakiennes ont annoncé samedi que des policiers accusés de s’être acharnés sur la dépouille d’un kamikaze en 2007 seraient traduits en justice, après la diffusion en boucle à la télévision d’images particulièrement atroces de la scène.
"La commission d’enquête interne a présenté samedi les résultats de ses investigations au ministre de l’Intérieur, qui a approuvé ses recommandations, et a décidé de traduire en justice, pour qu’ils soient punis, tous ceux qui ont participé à ces violations des droits de l’Homme", indique le ministère dans un communiqué.
Sur la vidéo, diffusée depuis jeudi soir à chaque bulletin d’information sur la chaîne irakienne d’opposition Sharqiya, on voit des policiers donner des coups de pied et marcher sur le corps inanimé d’un homme à terre et au visage sanguinolent.
Dans son communiqué, le ministère de l’Intérieur indique que la scène remonte au 28 février 2007, lorsqu’un kamikaze à bord d’un camion transportant 24 bonbonnes de gaz piégées et du chlorite recouverts de plâtre avait tenté de pénétrer dans l’enceinte du poste de police de Bab al-Cheikh, dans le centre de Bagdad, pour se faire exploser.
"Une voiture de police l’en a empêché. Le kamikaze est sorti de son camion et a tenté de s’enfuir mais une patrouille de police l’a pourchassé et l’a tué par balles. Un autre suspect a été blessé mais a réussi à s’enfuir", ajoute le ministère de l’Intérieur.
Cependant, un officier de police a indiqué que le kamikaze n’avait été que blessé par balles, avant de mourir sous les coups des policiers, laissant entendre qu’il pourrait s’agir d’un lynchage.
"Le terroriste était Algérien et nous ne comprenions pas sa manière de parler l’arabe. C’était la pire des périodes pour nous avec des attaques quotidiennes contre les policiers. Ceci explique ce qui s’est passé", a-t-il dit.
Depuis l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, 9.500 policiers et militaires ont été tués par des rebelles. Il y a eu 2.126 attaques à la bombe dont 759 attentats suicide, selon un récent rapport de la Brookings Institution.
Selon le ministère, malgré la neutralisation du kamikaze, son camion piégé a quand même explosé.
"Le camion a explosé faisant des victimes, et immédiatement après un groupe de terroristes a tenté d’entrer dans le commissariat mais a dû rebrousser chemin car les policiers ont riposté", assure le ministère.
Les rebelles à cette époque utilisaient souvent cette méthode en lançant d’abord une attaque suicide puis en investissant le poste de police et en y exécutant les occupants considérés comme des "traîtres" car travaillant avec les forces américaines et agissant sous les ordres d’un gouvernement dirigé par des chiites.
"Après cette attaque terroriste, les policiers ont voulu exprimer leur satisfaction d’avoir réussi à l’empêcher et prendre aussi leur revanche contre une personne qui les avait attaqués. Il ne s’agissait pas d’un prisonnier en interrogatoire", a tenu à préciser leur ministère de tutelle qui a jugé malgré tout cet incident inacceptable de la part de policiers.
La diffusion de cette vidéo intervient juste après la publication d’un rapport de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, affirmant que des détenus avaient été violés, torturés à l’électricité et frappés dans une "prison secrète" à Bagdad.