Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé jeudi qu’il soumettrait à référendum une réforme de la Constitution, qui réduit le pouvoir de la hiérarchie judiciaire et de l’armée, s’il n’obtient pas la majorité requise au Parlement.
ANKARA (AFP) - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé jeudi qu’il soumettrait à référendum une réforme de la Constitution, qui réduit le pouvoir de la hiérarchie judiciaire et de l’armée, s’il n’obtient pas la majorité requise au Parlement.
"Notre nouvelle étape sera d’entrer en campagne (pour un référendum). Nous avons commencé les préparations. Nous nous présenterons à la nation", a déclaré M. Erdogan devant la presse.
M. Erdogan a précisé que le parti au pouvoir AKP et l’opposition s’étaient mis d’accord pour finir dans la nuit de jeudi à vendredi la deuxième et dernière lecture des amendements modifiant la Constitution.
Ils devraient dans la foulée voter sur l’ensemble du projet. Mais l’AKP ne disposant pas de la majorité des deux tiers requise pour que la réforme soit automatiquement et définitivement adoptée, l’exécutif devra soumettre l’ensemble à référendum.
Le gouvernement a réussi à faire adopter deux des trois amendements clés.
Le parlement a ainsi accepté jeudi de modifier la composition du Conseil supérieur de la magistrature (HSYK), un organisme qui nomme les juges et procureurs et prend des mesures disciplinaires.
Le Conseil s’est souvent opposé à l’AKP, qui est issu de la mouvance islamiste.
L’opposition accuse le gouvernement et l’AKP de vouloir modifier la Constitution pour museler la hiérarchie judiciaire et l’armée, institution jadis toute puissante en Turquie.
Le gouvernement juge nécessaire de changer la Constitution, écrite dans le sillage du coup d’Etat militaire de 1980, pour s’aligner sur les critères de l’Union européenne, à laquelle la Turquie veut adhérer.
Un autre amendement adopté mardi par le Parlement accroît de 11 à 17 le nombre des juges de la Cour constitutionnelle et donne au parlement le pouvoir de nommer certains d’entre eux.
La Cour constitutionnelle a failli interdire l’AKP, en 2008, pour violation des principes laïques de la République.
Mais le même Parlement turc a rejeté lundi un amendement qui aurait rendu plus difficile le processus d’interdiction d’un parti politique.
D’autres amendements limitent la juridiction des tribunaux militaires et autorisent les tribunaux civils à juger des militaires, en temps de paix, pour des tentatives de coup d’Etat ou des crimes liés à la sécurité nationale.
De même, le chef de l’armée et ses quatre adjoints pourraient, dans certains cas, être jugés par la Cour suprême.