Le dernier bilan fait état de 140 morts, plus de 1 700 blessés et environ 75 000 personnes déplacées. Un bilan qui ne cesse de s’alourdir au fil des heures.
Ce lundi dans le sud du Kirghizstan, de nouveaux affrontements ont éclaté. A Och, la deuxième ville du pays, les affrontements sanglants de ces derniers jours laissent place à des scènes de désolation : des corps calcinés jonchent les rues, des véhicules et des maisons incendiés sont aperçus à chaque recoin de la ville et des coups de feu continuent encore de résonner de temps à autres.
Même topo à Djelalabad, le bastion du président déchu Kourmanbek Bakiev. Des personnes armées terrorisent la population. Un groupe d’une centaine de jeunes gens défile dans la rue en arborant des brassards avec le slogan ’"s’il y a des Ouzbeks, on va leur tirer dessus".
Malgré l’instauration de l’état d’urgence et d’un couvre-feu, le gouvernement intérimaire peine à contrôler la situation. Raison pour laquelle il a lancé un appel à l’aide.
A l’heure actuelle, le conflit interethnique tourne en crise humanitaire. L’Ouzbékistan, le pays qui abrite déjà quelque 60 000 réfugiés de Kirghizstan a décidé lundi de fermer ses frontières. Les autorités ouzbèkes évoquent l’insuffisance de capacités d’accueil pour expliquer cette décision. Le gouvernement ouzbek affirme qu’il a du mal à gérer les flots de réfugiés qui frappent à ses portes. Elles ont également appelé la communauté internationale à fournir de l’assistance pour répondre aux besoins humanitaires immédiats des réfugiés.
En réponse à cet appel de détresse, le Haut Commissariat des Nations unies a annoncé que la distribution d’aide humanitaire et le déploiement d’équipes d’urgence commencent aujourd’hui à s’organiser.
De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU, s’est réuni lundi pour examiner la situation au Kirghizstan. Une réunion à l’issue de laquelle elle condamne les violences interethniques et appelle à un retour à l’État de droit et à une résolution pacifique du conflit.
L’Union européenne commence aussi à se mobiliser pour trouver un moyen de rétablir l’ordre et apporter de l’aide humanitaire au Kirghizstan. La Chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé que l’Union a décidé d’envoyer un émissaire en Asie centrale.
Dans cette mobilisation internationale, la Russie s’y met aussi en annonçant une assistance militaire. L’Organisation du traité de sécurité collective (ODKB), une alliance militaire de pays d’ex-URSS dont le Kirghizistan est membre, prévoit l’envoi d’une force de réaction rapide.
Cette décision intervient après l’appel lancé samedi par la présidente par intérim du Kirghizistan, Rosa Otounbaïeva, qui en appelait aux gouvernements russe et américain à fournir de l’assistance pour ramener la paix dans ce pays stratégique d’Asie centrale, où ces deux superpuissances disposent chacune une base militaire.