Passionnée de football mais coupée du monde, la bande de Gaza organise son propre "Mondial", une initiative très populaire même si elle est symbolique, pour réclamer la levée du blocus israélien imposé à ce petit territoire palestinien.
GAZA (AFP) - Passionnée de football mais coupée du monde, la bande de Gaza organise son propre "Mondial", une initiative très populaire même si elle est symbolique, pour réclamer la levée du blocus israélien imposé à ce petit territoire palestinien.
"L’équipe dite de "France" l’a emportée et s’est vue remettre la coupe par le Premier ministre du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, devant un public enthousiaste de 20.000 spectateurs.
"Tu veux aller en Afrique du sud mais les frontières sont fermées ? La Coupe du monde, ça se passe désormais à Gaza", annoncent depuis quelques jours de grands panneaux publicitaires.
Avec humour, ils ont appelé les Gazaouis à assister à ce tournoi par procuration, le premier du genre dans l’étroite enclave contrôlée par le Hamas depuis trois ans.
Seize équipes locales participaient depuis le 2 mai à cette "Gaza World Cup 2010", organisée par la Fédération palestinienne de football en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur une idée de Patrick McGrann, un Américain travaillant à Gaza.
Treize clubs représentent chacun un pays participant à la vraie Coupe du monde, qui se tiendra du 11 juin au 11 juillet en Afrique du sud. Les trois autres jouent le rôle de la Jordanie, l’Egypte et la Palestine, non-qualifiées pour le Mondial.
Samedi, la finale a opposé au stade de Yarmouk à Gaza la "France" à la "Jordanie", respectivement représentées par les équipes de Rafah et de Khan Younès.
Encouragée par des supporters brandissant des fanions tricolores et scandant Zidane, Zidane (l’ancien capitaine de l’équipe de France, Zinédine Zidane), l’équipe France l’a emportée par penalty après prolongation.
"Nous rêvons que le monde comprenne que nous sommes un peuple qui aime la liberté, et cela commence par une levée du blocus injuste", explique Achraf Hamad, chargé de fabriquer un trophée pour la compétition.
La bande de Gaza vit depuis l’été 2006 sous un embargo israélien, renforcé en juin 2007. L’Egypte, qui partage une frontière de 14 km avec le territoire, maintient fermé de manière quasi permanente le terminal de Rafah, seul point de passage qui ne soit pas contrôlé par l’Etat hébreu, depuis la prise de pouvoir du Hamas.
"Le blocus, ça suffit. Les Gazaouis aiment le football, ils méritent d’être soutenus et aidés pour pouvoir vivre dans la dignité", plaide Ayman Mohieddine, un Américain d’origine égyptienne, qui participe à cette initiative.
Cette semaine, des centaines de Palestiniens ont assisté au match entre les "Etats-Unis" (le camp de réfugiés de Maghazi) et la "Serbie" (l’équipe de Zaïtoun) au stade Palestine de Gaza.
"USA ! USA !", scandaient des dizaines de supporteurs en agitant la bannière étoilée, une vision plutôt singulière à Gaza.
"J’ai eu le sentiment d’assister à un vrai match entre les Etats-Unis et la Serbie", assure Hicham Reda, 26 ans, habitant de Maghazi, un drapeau américain à la main.
"Je n’ai aucun problème avec ce drapeau, explique-t-il. Oui, j’ai participé à des manifestations pendant lesquelles des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés, mais là c’est différent, parce que le football se joue entre les peuples, pas entre les gouvernements".
Modelé sur le trophée qui récompensera l’équipe championne du monde le 11 juillet, celui de la "Gaza World Cup" est fait de bouts de métal retrouvés dans des bâtiments détruits par l’armée israélienne pendant l’offensive de l’hiver 2008-2009, surmonté d’un ballon de football en ciment.
La coupe a été remise samedi, jour où les Palestiniens commémoreront la "Nakba" (catastrophe) qu’a représenté pour eux la création d’Israël, à la fin du mandat britannique (15 mai 1948), et l’exode de plus de 760.00 Palestiniens qui s’en est suivi.
