Les deux Français Edith Bouvier, journaliste pour le quotidien Figaro et William Daniels, photographe, lancent un appel à l’aide dans une vidéo amateur postée sur internet jeudi après-midi par les militants. Souffrant de multiples fractures à la jambe gauche lors des pilonnages qui ont visé le centre de presse dans laquelle elle se trouvait mercredi, Edith Bouvier, demande une évacuation d’urgence afin de pourvoir être opérée le plutôt possible.
"J’ai la jambe cassée au niveau du fémur dans le sens de la longueur entièrement et dans le sens horizontal également. J’ai besoin au plus vite d’être opérée", indique Edith Bouvier la collaboratrice de Figaro, dans une séquence vidéo de 6mn30, mise en ligne par les insurgés syriens hier. Elle fait partie des blessés lors des bombardements ayant tué entre autres deux de ses confrères, le Français Rémi Ochlik et l’Américaine Marie Colvin à Homs mercredi matin.
"J’ai besoin au plus vite de la mise en place d’un cessez-le-feu, d’une voiture médicalisée ou en tout cas en bon état qui me conduise jusqu’au Liban et d’être traitée dans les plus brefs délais", insiste la journaliste. Dans cette même séquence, William Daniels, un journaliste photographe qui a été épargné par les bombardements précise que tous deux ne sont pas dans un hôpital. D’après son témoignage, des Syriens les ont transféré "dans un endroit un peu plus loin de l’hôpital, parce que l’hôpital est visé par des bombes".
Edith Bouvier de reprendre : "
Ici, les médecins nous ont très bien traités, autant qu’ils le peuvent, seulement, ils ne peuvent pas pratiquer d’opération chirurgicale". "Elle a besoin d’un traitement médical que nous ne pouvons pas lui apporter
. Si elle n’est pas soignée immédiatement, elle risque l’embolie graisseuse, qui peut la mener
à la mort", note un médecin syrien qui lui prodigue les soins dans cette même vidéo.
Avec cette séquence diffusée au monde entier via internet, les journalistes étrangers bloqués à Homs entendent informer leur pays d’origine sur leur situation en vue d’une prise en charge rapide. Jeudi matin, l’Elysée avait affirmé ne rien savoir ni de l’endroit où peuvent se trouver les blessés ni de ce qu’on a pu faire de la dépouille des deux journalistes décédés. "On s’est concerté, on s’est dit que cette vidéo pouvait dire un peu à tout le monde quelle était notre situation ici", lance William Daniels. "J’espère que les autorités françaises peuvent nous aider le plus rapidement possible, parce que c’est difficile ici, on n’a pas d’électricité, on n’a pas beaucoup à manger, les bombes continuent de tomber", interpelle le photographe.
Les répressions perpétrées par le régime syrien de Bachar al-Assad continuent de faire des victimes malgré les appels lancés par la communauté internationale. Dans un communiqué paru jeudi et relayé par Le point, l’ONU utilise pour la première fois le terme "crimes contre l’humanité". L’organisation affirme détenir le nom de certains hauts responsables syriens qui seraient impliqués dans ces massacres.
Jeudi, l’ONU a désigné Kofi Annan en tant qu’ "émissaire spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie". Avec cette disposition, l’organisation tente pour la énième fois d’engager des pourparlers pacifiques avec Damas à qui elle demande incessamment l’arrêt immédiat des violences.