Cette fois, c’est un mausolée d’un saint de l’islam, Sayed Ali Hajwairi, alias Data Gunj Bakhsh, qui a été pris pour cible. Ce sanctuaire soufi se situe en plein cœur de la ville. Les kamikazes ont frappé au moment d’une grande affluence populaire. Ils ont agi alors que des centaines de fidèles étaient en pleine méditation.
L’un des trois kamikazes avait actionné sa veste bourrée d’explosifs dans la cour de cet immense mausolée. La bombe a explosé au moment où les pèlerins s’installaient pour les dernières prières. Les deux autres ont déclenché leurs charges dans le sous-sol où de nombreux fidèles se sont rassemblés pour méditer.
Le mausolée de Data Gunj Bakhsh est l’un des plus fréquentés du Pakistan, attirant des centaines d’adeptes tous les soirs. Et les rassemblements hebdomadaires des jeudi soir ou vendredi, jours saints de l’Islam, figurent parmi les plus populaires.
Ces attaques kamikazes n’ont pas été revendiquées mais de très forts soupçons pèsent actuellement sur les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda.
Ces talibans radicaux sont connus pour leur aversion et leur hostilité envers le soufisme et les visites de sanctuaires.
Lors des premières constatations, les enquêteurs et les démineurs pakistanais ont découvert sur les lieux du drame de nombreuses petites billes d’acier et de clous dont les kamikazes se servent généralement pour confectionner leurs vestes-suicides.
Pour sa part, le premier ministre pakistanais, Yusuf Raza Gilani, a déclaré que ces attaques démontrent une fois de plus que les terroristes n’avaient aucun respect pour "les religions, confessions ou croyances quelles qu’elles soient".
Lahore, capitale culturelle du Pakistan, a été le théâtre ces derniers jours des violences de ce type.
Quatre jours auparavant, un kamikaze au volant d’une voiture piégée avait visé un immeuble de la police, tuant 15 policiers et passants.
Le 28 mai, des attaques kamikazes simultanées avaient pulvérisé deux mosquées d’une secte très minoritaire de l’islam, les ahmadis, faisant plus de 80 morts.
Et le 12 mars, un double attentat suicide visant des militaires, y avait fait 57 morts.
Depuis trois ans, Pakistan est en proie à une vague d’attentats suicides sans précédent au cours de laquelle plus de 3.400 personnes ont péri.