Des soldats de l’Otan ont ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l’Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille, ont annoncé les autorités afghanes au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure à l’ouest de Kaboul.
KANDAHAR (Afghanistan) (AFP) - Des soldats de l’Otan ont ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l’Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille, ont annoncé les autorités afghanes au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure à l’ouest de Kaboul.
"Deux femmes et une jeune fille ont été tuées", a déclaré à l’AFP Zemaray Bashary, le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur.
L’incident s’est produit dans la province de Zabul, dans le sud du pays. Une femme a également été blessée par les tirs.
Le convoi des forces internationales a ouvert le feu sur un véhicule venant en sens inverse. "Ils ont pensé que c’était des talibans, mais c’était une voiture de civils", a souligné le porte-parole du ministère, précisant qu’il s’agissait bien d’une "erreur".
Cinq personnes se trouvaient dans la voiture. Seul le chauffeur n’a pas été touché.
Selon le porte-parole du gouvernorat local, Mohammad Jan Rasul Yar, des soldats de l’Otan s’apprêtaient à désamorcer une bombe posée sur la route quand le véhicule s’est approché.
"Les soldats de l’Otan ont mis en garde le véhicule, ont réalisé des tirs de sommation, puis ont tiré sur le véhicule" qui ne s’arrêtait pas, a indiqué le porte-parole.
Selon lui, le chauffeur a également été sérieusement blessé.
Le général britannique Nick Carter, commandant des forces internationales dans le sud, a indiqué lors d’une conférence de presse à Kandahar qu’il était au courant de l’incident. "Il y a une enquête en cours", s’est-il contenté de dire.
Interrogée à Kaboul, l’Otan a indiqué qu’elle n’avait pas d’informations.
Ce nouvel incident intervient au lendemain de la reconnaissance par l’armée française d’une bavure le 6 avril à l’est de Kaboul.
Le commandement militaire français a reconnu avoir tué accidentellement quatre jeunes civils afghans lors d’un tir de missile terrestre antichar visant des insurgés.
La mort de civils afghans en marge du conflit armé est un sujet de vive tension entre le président Hamid Karzaï et les forces internationales, même si les frappes des talibans ont dépassé celles de l’Otan comme première cause de mortalité des Afghans selon l’ONU.
Le 12 avril, Hamid Karzaï, dont les relations avec ses alliés occidentaux se sont tendues après sa réélection controversée d’août dernier, avait accusé les troupes de l’Otan d’avoir tué quatre civils en ouvrant le feu sur un autobus dans le sud du pays.
Critiqué par le gouvernement afghan pour tuer parfois sans discernement talibans et simples habitants, Washington avait assuré que la réduction du nombre de victimes civiles, notamment lors des bombardements de positions rebelles dans des villages, était "une priorité" des troupes occidentales.
Le général américain Stanley McChrystal —commandant en chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan et des forces américaines— a aussi ordonné récemment des conditions plus strictes pour les opérations nocturnes contre des habitations afghanes.
Selon un rapport de l’ONU, 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009. En hausse de 14% par rapport à 2008, ce bilan est le plus lourd depuis le déclenchement de la guerre en 2001.
Dans un autre incident, dans la province du Helmand, bastion des talibans, cinq civils ont été blessés par l’explosion d’un vélo piégé garé en face d’un centre de soins.