Les corps sans vie de 28 mineurs turcs ont été retrouvés jeudi dans une mine de charbon du nord de la Turquie où ils étaient coincés depuis lundi après un coup de grisou, relançant la polémique sur la sécurité, après ce troisième accident en six mois.
ANKARA (AFP) - Les corps sans vie de 28 mineurs turcs ont été retrouvés jeudi dans une mine de charbon du nord de la Turquie où ils étaient coincés depuis lundi après un coup de grisou, relançant la polémique sur la sécurité, après ce troisième accident en six mois.
"Nous avons retrouvé les corps de 28 personnes", à plus de 500 mètres de profondeur, a dit le ministre de l’Energie Taner Yildiz aux chaînes de télévision sur les lieux de sinistre où il dirigeait les opérations de secours.
Selon le ministre, les mineurs sont morts d’asphyxie.
Taner Yildiz a précisé que les secours tentaient de localiser les deux autres mineurs portés disparus après la déflagration dans la mine Karadon, près de la ville portuaire de Zonguldak sur les bords de la mer Noire. Aucun contact n’a pu être depuis établi avec eux depuis l’explosion provoquée par un coup de grisou.
Huit mineurs qui s’étaient retrouvés coincés dans un ascenseur après l’explosion ont pu être sauvés.
Le ministre a promis un contrôle plus accru sur les mines du pays.
Mercredi, les 400 secouristes qui ne travaillaient qu’à l’aide de marteaux et de pics sous terre pour ne pas provoquer un feu dans les galeries où l’odeur du méthane se faisait encore sentir, avaient indiqué qu’il fallait encore quatre jours pour parvenir aux hommes bloqués.
Il s’agit du troisième accident en six mois dans une mine turque. Les violations des règles de sécurité ont contribué par le passé à des accidents.
En février, une explosion due au méthane a fait 13 morts dans une mine de charbon située dans la province de Balikesir (nord-ouest). En décembre, un drame similaire a coûté la vie à 19 mineurs dans la province voisine de Bursa.
La plus grande catastrophe minière en Turquie remonte à 1992 : un coup de grisou avait fait 263 morts près de Zonguldak, province où sont regroupées des dizaines d’exploitations houillères, publiques ou privées.
Le chef de l’Etat Abdullah Gül a ordonné mercredi une enquête sur ces trois accidents.
L’annonce du ministre a donné lieu à des scènes d’émotion parmi les proches des mineurs qui se sont effondrés en larmes, selon les chaînes de télévision. Les familles attendaient depuis des jours devant l’exploitation pour avoir des nouvelles des hommes portés disparus.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui s’est déplacé mercredi dans la zone du sinistre a été copieusement hué par des mineurs et leurs proches qui accusaient les autorités de ne pas en faire assez pour retrouver les membres de leur famille.
Ils ont violemment été dispersés par la police.
"Les gens de cette région sont en fait familiers de ces incidents. La mort fait partie du destin du métier" de mineur, a indiqué le Premier ministre lors d’un discours, critiqué jeudi par une partie de la presse.
Les spécialistes ont dénoncé les gestionnaires de l’exploitation qui n’auraient pas respecté les normes de sécurité.
"La compagnie qui gère la mine a-t-elle pris toutes les précautions ?" s’est interrogé Cemalettin Sagtekin de la chambre des ingénieurs miniers sur la chaîne privée NTV. "Nous réclamons davantage de contrôles. La mort ne devrait pas être un destin du mineur", a-t-il dit.
La Turquie produit annuellement environ 3 millions de tonnes de charbon utilisé quasi-essentiellement pour la production d’électricité.