Il a fallu seulement cinq jours à Abou Bakr Al-Baghdadi pour convaincre les leaders djihadistes pour fonder Daesh. Un combattant témoin des premières heures livre son récit.
Daesh est né lors d’une rencontre secrète qui eut lieu en avril 2013, à Kafr Hamra dans les nord de la Syrie, affirme le site 20minutes.fr qui relaye une information du site américain Foreing agency citant témoignage d’un djihadiste nommé Abu Ahmad. Abu Bakr Al-Baghdadi. Actuellement, le djihadiste fait toujours partie de Daesh, même s’il n’est pas d’accord avec les méthodes de l’organisation terroriste. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il souhaite témoigner.
En avril 2013, Abu Ahmad était membre du groupe djihadiste Majlis Choura Al Mujahideen (MSM). Un jour, sa faction contrôle une voiture noire avec quatre hommes à bord. Son commandant lui demande d’inspecter l’intérieur du véhicule. Trois mitraillettes ont été trouvées, ce qui est "normal" en temps de guerre civile. Il n’apprendra qu’ensuite que l’un d’entre eux est Abu Bakr Al-Baghdadi. Soit, à l’époque, le patron de l’Etat islamique en Irak, et aujourd’hui "calife" de Daesh.
Chaque matin, pendant cinq jours d’affilée, Abu Ahmad voit la même voiture déposer Abu Bakr Al-Baghdadi et son adjoint, Haji Bakr, au siège du MSM. Elle revient chaque soir les chercher, pour leur faire passer la nuit dans un lieu tenu secret.
Abu Bakr Al-Baghdadi n’est pas le seul djihadiste de renom présent aux réunions de Kafr Hamra. L’on y voyait défiler tout le gratin mondial de l’islam extrémiste : des Egyptiens, des Libyens, des Tchétchènes y étaient, tout comme les émirs de plusieurs groupes radicaux ainsi que des chefs du renseignement du Front Al-Nosra qui opère en Syrie.
Les participants à ces réunions passent près d’une semaine ensemble, dans une pièce, assis à même le sol ou sur des matelas et des oreillers. Ils se restaurent sur place, et consomment notamment des frites et du poulet, le tout arrosé de sodas, en particulier de Pepsi.
Pendant cinq jours, Abu Bakr Al-Baghdadi essaie de convaincre les autres leaders djihadistes, alors affiliés à Al-Qaida, pour les réunir sous une seule bannière : l’Etat islamique en Irak et au Levant, dont il sera le chef. L’homme le plus recherché du monde leur propose alors de créer un État.
Les chefs djihadistes sont réticents. Pour eux, il s’agissait d’une aberration. En effet, créer un État permettrait à leurs ennemis de les trouver et surtout de les attaquer bien plus facilement.
Mais Abu Bakr Al-Baghdadi finit par convaincre les autres chefs djihadistes. Dans son exposé, il détaille l’organisation d’un État qui offrirait "une maison à tous les musulmans du monde". L’Etat en question pourrait attirer des milliers, voire des millions, de djihadistes semblables à eux, mais qui peinent pour l’instant à rejoindre les rangs d’Al-Qaida, justement parce qu’il s’agissait d’un mouvement est clandestin.
Il reste cependant un dernier point à régler : celui de l’allégeance à Ayman al-Zawahiri, le successeur désigné d’Oussama ben Laden et le chef d’Al-Qaida. Aucun des leaders présents ne souhaite le trahir. Il n’en est pas question, leur assure le fondateur de Daesh, qui va même jusqu’à assurer que cette idée d’État islamique émane d’Al-Zawahiri lui-même.
Le 8 avril 2013, Abu Bakr Al-Baghdadi annonce que son organisation est désormais élargie jusqu’en Syrie. Al-Jolani, le leader du Front Al-Nosra, qui n’était pas présent aux réunions, demande à ses combattants d’attendre une confirmation d’Al-Zawahiri. Mais ces derniers ne l’écoutent pas et en moins d’un mois, 90 % d’entre eux prêtent allégeance à Daesh alors appelé État islamique en Irak et au Levant.