La Russie a mené jeudi de nouvelles frappes en Syrie en affirmant vouloir combattre le groupe Etat islamique, alors que Paris et Washington redoutent de ses véritables intentions. Moscou tente de se justifier en lançant la discussion.
Les premiers bombardements russes en Syrie ont débuté mercredi. Alors que les américains et les européens ont émis des doutes sur les cibles choisies mercredi par l’aviation russe, Sergueï Lavrov les a jugés "infondés". Le président russe a affirmé que les bombardements, seule option militaire envisagée par la Russie pour l’instant, étaient conformes au droit international.
Jeudi, la Russie a mené de nouvelles frappes aériennes tout en assurant vouloir combattre le groupe Etat islamique. Des avions russes ont pris pour cible des bases de "l’Armée de la conquête", une importante coalition regroupant le Front Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda), et des groupes islamistes comme Ahrar al-Cham, selon une source de sécurité syrienne.
Mais les cibles de la Russie créent polémiques. Dès les premières frappes, la France et les Etats-Unis ont demandé des vérifications. Les Etats-Unis et leurs alliés soupçonnent en effet Moscou de vouloir voler au secours de Bachar el-Assad sous couvert de combattre le "terrorisme". Dans ses communiqués, le ministère de la Défense russe affirme avoir ciblé l’EI lors des trois séries de frappes qui se concentrent dans la zone d’Idleb (nord-ouest) à Hama et Homs (centre). Les objectifs : dépôts d’armes, un camp d’entraînement et des postes de commandement notamment.
Le président russe Vladimir Poutine sera reçu vendredi à Paris par son homologue français François Hollande pour parler du conflit et de l’entrée en scène militaire de Moscou. François Hollande réclame de son côté que l’objectif premier serait de "viser Daech et pas d’autres". Jeudi, la Russie et les Etats-Unis se sont déjà réunis d’urgence. Objectif : éviter tout incident militaire entre leurs aviations en Syrie, après les premiers bombardements de Moscou qui ont pris de court Washington. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, également à New York, a annoncé d’autres discussions militaires russo-américaines "dans les prochains jours".