Alors que 3 millions de travailleurs de sexe sont relevés en Inde, ces derniers aspirent à ce que la loi les concernant soit revue et qu’ils puissent sortir de la clandestinité.
Les trois millions de travailleurs de sexe en Inde, selon Havocscope, un observatoire d’activités illégales, attendent avec impatience la décision de la cour suprême indienne qui doit mettre de la lumière sur le statut juridique de cette profession.
"Nous voulons vivre dignement"
"Nous n’allons pas vers les hommes, ce sont eux qui viennent à nous. Nous voulons vivre dignement, comme n’importe quelle autre profession", a réclamé Sunita Devi, une travailleuse de sexe de New Delhi sur le récit du Nouvelobs ce mercredi. Entre racolage, harcèlement ou proxénétisme, les travailleurs de ce secteur souhaitent que la plus haute instance judiciaire indienne impose au gouvernement de dépénaliser cette activité. D’après les dernières statistiques officielles, quelque 2 800 femmes et 4 800 hommes ont été interpellés en 2013 avec un taux de condamnation de 35%. Malheureusement, de nombreuses d’affaires se perdent dans les méandres de la justice indienne.
Le travail de sexe, un choix
La plupart des travailleurs de sexe ont choisi librement de pratiquer leur métier. Ainsi de nombreux militants favorables à la dépénalisation de la prostitution estiment qu’ils devraient avoir les mêmes droits que les autres travailleurs. De leur côté, les spécialistes de santé publique réclament que cette profession sorte de l’ombre car leur statut actuel les contraint de se cacher, ce qui complique la prévention des maladies sexuellement transmissibles. En outre, les ONG de lutte contre le trafic d’être humains considèrent que la légalisation de cette activité ne ferait que renforcer son essor mettant en danger les femmes pauvres des campagnes et les enfants. Partant de toutes ces situations, la Cour suprême, saisie d’une requête il y a quatre ans, a mis en place une commission chargée d’enquêter sur ce secteur et examiner d’éventuelles modifications de la loi.
De bons revenus et beaucoup de liberté
Malgré cette clandestinité forcée, les prostituées indiennes se disent réticentes à l’idée d’exercer un nouveau métier car le travail du sexe leur permet d’avoir beaucoup de liberté et les revenus sont bons. "Nous avons beaucoup de liberté et les revenus sont bons", a confié Kusum, qui perçoit environ 20 000 roupies (250 euros) par mois. Dans la foulée, beaucoup de prostituées appréhendent le fait de copier des pays comme les Pays-Bas ou la Nouvelle-Zélande où pratiquer la prostitution est soumis à l’octroi d’une licence. "Mettre en place des licences fonctionne peut-être en Occident mais en Inde, où les prostituées sont ostracisées, ce serait compliqué", a expliqué Amit Kumar, coordinateur national du collectif All India Network of Sex Workers. Ce dernier ajoute que la justice et les organismes publics doivent comprendre qu’il s’agit d’une perte de temps que de maintenir la prostitution dans la clandestinité. "Nos politiques et nos tribunaux refusent de trancher depuis trop longtemps. Or la prostitution est le plus vieux métier du monde et n’est pas près de disparaître", a-t-il conclu.