Libération décrit aujourd’hui la vie dans la capitale afghane, ces derniers temps. Les courts de tennis sont déserts, finis les pique-niques à la campagne et les soirées piscines bien arrosées au restaurant français.
A Kaboul, l’époque festive et insouciante de l’après 2001 est bien révolue, commente Libération dans son reportage d’aujourd’hui. Les expatriés occidentaux sont, en effet, de plus en plus menacés. Des attentats réguliers dans des lieux fréquentés par les étrangers ont eu lieu cette année. Le dernier a eu lieu au centre culturel français de Kaboul, il y a dix jours. Ces attaques ont mis fin aux illusions de nombreux étrangers vivant dans le pays, accusés par les rebelles talibans de complicité avec le gouvernement pro-occidental.
A quelques jours de la fin de la mission de combat de l’Otan qui soutient le fragile gouvernement afghan, ceux qui n’ont ne sont pas partis se sont quasiment tous retranchés dans des complexes fortifiés et n’en sortent plus.
« Il y a encore un an, j’employais 28 personnes. Aujourd’hui ils ne sont plus que 8 », explique une gérante de restaurant, en taisant son nom pour raison de sécurité. « Moi je ne partirai pas car je suis mariée à un Afghan, mais nous avons très peur ». « Avant, on avait beaucoup d’ONG, des ambassades. Mais maintenant, tout leur est interdit », dit-elle en montrant sa salle désertée à l’heure du déjeuner.
Il y a encore quelques années, et aussi étonnant que cela puisse paraître dans ce pays musulman très conservateur, pauvre et en guerre, Kaboul vibrait d’une intense vie nocturne mêlant des centaines de jeunes expatriés employés d’ONG, diplomates, gardes du corps bodybuildés, journalistes et consultants divers.
Les nuit du jeudi au vendredi, avant le jour de relâche hebdomadaire local, en étaient le summum, avec leur cortège d’alcool à volonté, de DJs aux platines jusqu’au petit matin et de couples qui se faisaient et se défaisaient, sous l’œil parfois stupéfaits des gardes afghans chargés de filtrer les entrées.
« L’époque des grandes soirées est finie depuis un bout de temps », souligne l’italienne Francesca Recchia, éditrice d’ouvrages sur la culture afghane. « Il y a beaucoup moins d’étrangers et on ne voit guère plus ceux qui sont restés. Beaucoup ont peur », regrette-t-elle.