Le nombre élevé de personnes en attente de greffes fait fleurir le trafic d’organe au Cambodge et Thaïlande.
Selon Le Point, l’OMS s’inquièterait des complications chez les personnes ayant donné leurs reins, et qui par suite n’ont souvent pas les moyens de se faire suivre.
En Thaïlande, des hôpitaux sont sous l’œil des autorités pour leur rôle dans ce trafic. Ils sont suspectés pour usage de faux certificats de parenté entre donneur et greffé, comme le prévoit la législation.
"Nous avons demandé aux hôpitaux d’être plus vigilants", assure à l’AFP le président du Conseil médical de Thaïlande, Somsak Lolekha.
La hausse du nombre de patients en attente d’une transplantation fait que le marché noir des organes est florissant. En Thaïlande, plus de 4.300 personnes étaient sur liste d’attente en août pour une greffe selon les statistiques. Selon les chiffres de la Croix-Rouge thaïlandaise, sur les 581 reins transplantés l’an dernier, seule la moitié provenait de donneurs morts.
En avril, la Croix-Rouge de Thaïlande qui supervise le don d’organe, a lancé un programme pilote qui oblige les hôpitaux à fournir une fiche minutieuse concernant les donneurs vivants.
"Avant, ils pouvaient venir en Thaïlande sans que nous le sachions... C’est pour cela que nous avons demandé que soit créé un registre des donneurs vivants", explique le directeur de la Croix-Rouge, Visist Dhitavat.
En dépit de cette mesure, l’ONU s’inquiète des premières affaires révélées au Cambodge.
"Cela pourrait être la partie émergée de l’iceberg", redoute Jeremy Douglas, représentant de l’Office des Nations unies contre la drogue (ONUDC) à Bangkok.
"Les gens qui sont ciblés par ces trafiquants d’organes se trouvent hors des radars de la société", dit-il. L’histoire de Chhay donne une idée du mode d’opération des trafiquants. Il vit dans une maisonnette d’une pièce avec neuf membres de sa famille, dans une banlieue de Phnom Penh. Le jeune homme de 18 ans a consenti à une opération de prélèvement d’un de ses reins contre la somme de 3.000 dollars. Plus tard, il était au courant qu’en réalité les trafiquants obtenaient 10.000 dollars pour chaque rein prélevé. En portant plainte, il a réussi à mettre en prison deux de ces derniers. Pour lui, en plus d’un rein en moins, une longue cicatrice sur le flanc de sa hanche restera à jamais sur son corps.