Le mariage arrangé entre vietnamiens et chinois est monnaie courante. La Chine manquerait-elle cruellement de femmes ?
Selon les statistiques, une vingtaine de vietnamiennes sont mariées à des chinois dans ce petit hameau des collines du Henan, l’une des plus pauvres de Chine.
Le manque de femme dans cette région conduit à un marché florissant des femmes de l’Asie du Sud-Est. "Au Vietnam, on vivait dans une maison en brique de mauvaise qualité, et les fermiers devaient travailler dur dans les rizières", explique Hang, une vietnamienne de 30 ans qui tient un petit bazar. Son alliance avec un chinois de 22 ans a été arrangée par sa famille. Une cérémonie intime s’est déroulée respectivement dans les deux pays. "Je sais qu’ils ont donné de l’argent à ma famille, mais je n’ai pas osé demander combien", avoue Hang. Pour l’instant, Hang n’a aucune raison de se plaindre de sa famille et cela semble réciproque.
En Chine, les femmes sont rares, la raison ? Des familles qui avortent dès qu’ils découvrent le sexe féminin de leurs progénitures. Sur des décennies, cette pratique a causé un grand déséquilibre dans la balance des hommes et des femmes. Même actuellement, on retrouve la même hausse, 118 garçons naissent pour 100 filles. La dot pour marier une fille s’élève automatiquement vu le nombre réduit de femmes prêtes à être épousées. "Pour marier une fille, la famille exige en général une voiture et une maison. C’est plus facile de se marier si on a de l’argent", explique Wang Yangfang, propriétaire d’un petit magasin. Selon les habitants de Linqi, la dot pour les vietnamiennes est 2420 euros, soit donc un quart de la somme exigée par les familles chinoises.
Si pour certaines l’image du bonheur est présente, d’autres avouent toutefois avoir été "vendues" contre leur gré. Les autorités birmanes ont dénoncé dans un rapport un vaste trafic de femmes à destination de la Chine. La police chinoise a rapatrié 1281 étrangères enlevées de force à leurs familles et cela sur seulement l’année 2012. D’après le China Daily, la majorité de ses femmes proviendraient toutes d’Asie du Sud-est.
Plusieurs femmes ont tenté de fuir au bout de quelques jours mais l’échappatoire n’est pas évidente. "Mais ce n’est pas facile de s’enfuir, car les montagnes sont escarpées, et tout le monde a de la famille dans les villages alentour", explique un chauffeur. "Les proches s’organisent et vous ramènent."