La colère monte aux Etats-Unis face aux difficultés rencontrées par BP pour colmater l’écoulement de pétrole dans le golfe du Mexique, où de hauts responsables de l’administration Obama se sont rendus lundi pour superviser la lutte contre la marée noire.
GALLIANO (AFP) - La colère monte aux Etats-Unis face aux difficultés rencontrées par BP pour colmater l’écoulement de pétrole dans le golfe du Mexique, où de hauts responsables de l’administration Obama se sont rendus lundi pour superviser la lutte contre la marée noire.
"Frustration, colère, désespoir. Je comprends tous ces sentiments", a déclaré la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, lors d’une conférence de presse à Galliano, ville située au coeur des bayous de Louisiane menacés par la marée noire.
Son collègue de l’Intérieur, Ken Salazar, responsable des ressources naturelles, s’en est pris une nouvelle fois à BP, exploitant de la plateforme pétrolière qui a explosé le 20 avril, provoquant un écoulement continu du puits de pétrole situé par 1.500 m de fond à 75 km des côtes.
"Cette pagaille a été provoquée par BP, c’est une horrible pagaille, une pagaille écologique considérable", a déclaré le ministre, au moment où l’administration du président Barack Obama se retrouve accusée de ne pas en faire assez pour lutter contre la catastrophe.
Depuis Londres, BP a avancé une nouvelle estimation de la quantité de brut qu’il récupère au fond de la mer, assurant avoir pompé "entre 1.360 et 3.000 barils par jour" entre le 17 et le 23 mai, soit entre 216.000 et 477.000 litres.
Ces chiffres évoluent sans cesse : jeudi, BP avait indiqué qu’il parvenait à recueillir 5.000 barils par jour s’échappant du puits grâce à un système de conduit sous-marin, tout en admettant pour la première fois que la fuite dépassait cette quantité.
Le groupe a répété lundi qu’il étudiait les moyens de condamner le puits avec du ciment et que l’opération pourrait commencer mercredi, soit 24 heures plus tard qu’annoncé.
BP s’est engagé lundi à consacrer jusqu’à 500 millions de dollars à un programme de recherche consacré aux conséquences sur l’environnement de la marée noire. Les opérations ont déjà coûté 760 millions de dollars à BP.
Mais les moyens mis en avant par BP ne calment pas l’impatience des habitants de la région.
Signe de leur colère : dimanche, lors d’une conférence de presse du gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, des présidents de comtés, las d’attendre BP, ont annoncé qu’ils allaient réquisitionner trente bateaux loués par le géant pétrolier, mais non utilisés.
Véhément, le gouverneur a déclaré à cette occasion qu’il "irait en prison" s’il fallait assumer les conséquences de cette décision.
La colère s’affichait lundi à la une du quotidien local The Times Picayune, avec une grande photo montrant des oeufs de pélican souillés par le brut : "L’impatience monte face aux retards et au manque de progrès de BP".
"Ce qu’on demande, c’est que l’industrie pétrolière fasse bien son boulot. C’est tout", a déclaré à l’AFP Clint Guidry, président de l’association des pêcheurs de crevettes de Louisiane, alors que les autorités ont triplé jeudi la superficie de la zone interdite à la pêche.
Dimanche soir, la présidente de la paroisse (comté) de Lafourche, Charlotte Randolph, a indiqué que le brut était arrivé dans le port de Port-Fourchon (Louisiane), par lequel transitent d’importantes quantités de pétrole.
Face à la grogne des Américains, BP a lancé une campagne de communication et s’est offert dimanche de pleines pages dans le New York Times et le Wall Street Journal. "Nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour limiter l’impact" de la catastrophe, y assure le groupe.