BP a affirmé lundi enregistrer de "gros progrès" contre la marée noire grâce à un tuyau permettant de siphonner jusqu’à un cinquième des centaines de milliers de litres de brut qui se déversent quotidiennement dans le golfe du Mexique.
LA NOUVELLE-ORLÉANS (AFP) - BP a affirmé lundi enregistrer de "gros progrès" contre la marée noire grâce à un tuyau permettant de siphonner jusqu’à un cinquième des centaines de milliers de litres de brut qui se déversent quotidiennement dans le golfe du Mexique.
Les hydrocarbures sont absorbés grâce à un tube d’une dizaine de centimètres de diamètre inséré dans le conduit du puits gisant sur le sol marin à 1.500 m de profondeur. Le pétrole récupéré est stocké à bord d’un navire à la surface, à quelques 80 km des côtes de Louisiane (sud des Etats-Unis).
"Cela semble prometteur", a déclaré la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, avant d’ajouter toutefois que "nous sommes au milieu de cette crise" et "pas prêts d’en voir la fin".
Le tube "est en marche depuis plus de 24 heures" et récupère jusqu’à "1.000" barils de brut (environ 160.000 litres) par jour, a déclaré sur CNN Doug Suttles, un responsable du géant pétrolier britannique qui exploitait la plateforme dont le naufrage le 22 avril a provoqué la marée noire.
C’est un "grand progrès", a souligné M. Suttles, même si la quantité récupérée ne représente qu’un cinquième des 800.000 litres, selon BP, qui se répandent quotidiennement dans la mer.
Ce volume serait toutefois 5 à 20 fois supérieur, selon de récentes évaluations d’experts, dont la thèse semble être accréditée par la découverte par des scientifiques américains d’énormes nappes de brut à grande profondeur.
Contrairement à ce qui se passe quand le pétrole se répand depuis la surface, le fait que la fuite se situe au fond de l’océan "signifie tout simplement que la vie est en danger dans toute la colonne d’eau", estime Paul Montagna, expert au Harte Institute de l’université A&M du Texas à Corpus Christi.
"Les produits dispersants sont eux aussi toxiques. Les organismes sont exposés à beaucoup de matières toxiques", ajoute ce spécialiste.
"Il y a toujours du pétrole qui sort, a reconnu Doug Suttles. Mais on espère pouvoir augmenter la quantité récupérée dans les prochaines 24 heures" et BP espère également mettre en place d’"ici la fin de la semaine" de nouveaux dispositifs pour colmater la fuite.
La réussite de l’opération de pompage constitue une bonne nouvelle pour BP, qui peut espérer capitaliser sur cette annonce pour redorer son image aux Etats-Unis après avoir été visé par des manifestations la semaine dernière.
Mais la tâche s’annonce rude. L’organisation américaine de journalisme d’investigation Center for Public Integrity affirme lundi que deux raffineries de pétrole exploitées par BP aux Etats-Unis ont cumulé à elles seules quelque 97% de toutes les violations relevées dans ce secteur au cours des trois dernières années, la plupart du temps pour "erreur flagrante et délibérée".
Un responsable de BP, Bob Dudley, a réaffirmé lundi sur la chaîne ABC que le groupe répondrait à "toutes les plaintes légitimes" au-delà du plafond de 75 millions de dollars prévu par la loi américaine.
BP fait également l’objet de moult interrogations aux Etats-Unis quant à la gestion de la plateforme pétrolière Deep Horizon, qui a sombré deux jours après une explosion et un incendie.
Dernière en date : un des employés de la plateforme, Mike Williams, a affirmé sur la chaîne CBS que BP avait demandé peu avant l’explosion d’"augmenter" les cadences de production.
Interrogé à ce sujet, Doug Suttles a affirmé ne "pas être au courant" de tels ordres.